30
mars
2016

Jurisprudence SMACL : Les propos tenus en aparté par un élu mais enregistrés à son insu ne sont pas publics

Droits et devoirs des élus

Des propos tenus en aparté par un élu et enregistrés à son insu peuvent-ils caractériser le délit d’apologie de crime contre l’humanité ou d’injures publiques envers un groupe de personnes à raison de leur origine ?

Le 21 juillet 2013, plus d’une centaine de véhicules conduits par des gens du voyage pénètrent sur un terrain appartenant à la ville de Cholet qui l’avait donné en location à deux agriculteurs. Le député-maire de la ville, se rend sur place pour exprimer son désaccord à cette installation. Il est interpellé par une partie de ces personnes qui le traitent de raciste et lui adressent, par dérision, des saluts nazis.

En quittant les lieux, l’élu prononce, en aparté, des propos particulièrement violents faisant l’apologie des crimes contre l’humanité(1). Un journaliste enregistre les propos avec son téléphone portable avant de les publier.

L’élu est poursuivi pour apologie de crimes de guerre ou contre l’humanité. Il est reconnu coupable et condamné à 3000 euros d’amende.

La Cour de cassation censure cette position et annule la condamnation de l’élu : « le délit d’apologie de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité n’est constitué que si les propos incriminés ont été « proférés » au sens de l’article 23 de la loi sur la presse, c’est-à-dire tenus à haute voix dans des circonstances traduisant une volonté de les rendre publics »

Or en l’espèce, les propos incriminés, pour choquants qu’ils soient, ont été tenus par leur auteur dans des circonstances exclusives de toute volonté de les rendre publics. Ils ne sont donc pas pénalement répréhensibles sous la qualification retenue.

Cet arrêt de la Cour de cassation n’est pas sans rappeler un précédent : un ancien ministre de l’Intérieur était poursuivi du chef d’injures publiques envers un groupe de personnes à raison de leur origine pour des propos tenus avec des militants de son parti. Là aussi les propos avaient été enregistrés à l’insu de l’élu avant d’être relayés dans la presse. Si les juges d’appel avaient estimé que les propos étaient particulièrement « méprisants » et « outrageants », ils avaient relaxé le prévenu du chef d’injures publiques, s’agissant d’une conversation privée avec des militants non destinée à être rendue publique. Ainsi seule une contravention d’injure non publique pouvait être retenue. La Cour de cassation (2) avait confirmé cette analyse par un attendu de principe : « un propos injurieux, même tenu dans une réunion ou un lieu publics, ne constitue le délit d’injure que s’il a été « proféré », au sens de l’article 23 de la loi sur la presse, c’est-à-dire tenu à haute voix dans des circonstances traduisant une volonté de le rendre public »

 

Ce qu'il faut en retenir

  • Le délit d’apologie de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité n’est constitué que si les propos incriminés ont été « proférés » au sens de l’article 23 de la loi sur la presse, c’est-à-dire tenus à haute voix dans des circonstances traduisant une volonté de les rendre publics.
  • La Cour de cassation avait déjà statué dans le même sens s’agissant du délit d’injures publiques. A défaut de publicité des propos, seule une contravention d’injure non publique peut alors être retenue.

Cour de cassation, chambre criminelle, 15 décembre 2015, N° 14-86132

  1. « Comme quoi Hitler n’en a peut-être pas tué assez, hein »...
  2.  Cour de cassation, chambre criminelle, 27 novembre 2012, N° 11-86982

30
mars
2016

Collecte de la taxe de séjour : le temps presse !

Finances et fiscalité locales

La DGFIP publiera un fichier provisoire à la fin du mois d’avril qui permettra à AirBnB et aux autres plateformes de réservation de logements de particuliers à particuliers de procéder à la collecte dès cet été. Airbnb s’y est engagé. Cependant, ce fichier ne concernera que les communes ayant délibéré et envoyé leurs délibérations en …

La DGFIP publiera un fichier provisoire à la fin du mois d’avril qui permettra à AirBnB et aux autres plateformes de réservation de logements de particuliers à particuliers de procéder à la collecte dès cet été. Airbnb s’y est engagé. Cependant, ce fichier ne concernera que les communes ayant délibéré et envoyé leurs délibérations en matière de taxe de séjour à leurs DDFIP ou DRFIP avant le 1er avril.

 

Les informations nécessaires sont : Les tarifs de taxe de séjour applicables dans la commune ; le début et la fin de la période de perception de la taxe, définis par la commune ; le cas échéant, le loyer maximal en dessous duquel la taxe de séjour n’est pas due dans la commune. 

30
mars
2016

Catalogue des formations 2016

Formations / Rencontres

La formation est un droit pour tous les élus (art.L2123-12 CGCT). L'APVF vous propose plusieurs formations en 2016, spécialement pensées pour les élus et techniciens des petites villes.

Retrouvez ici l'intégralité du catalogue des formations 2016 de l'APVF

Pour tout renseignement supplémentaire : 01 45 44 00 83.

30
mars
2016

Décret « Marchés publics » : ce qui change au 1er avril

Droits et devoirs des élus, Services publics, Attractivité et aménagement du territoire

Après de longs mois d’attente, le décret « Marchés publics » a été publié au Journal officiel le 27 mars dernier. Composé de 189 articles, le texte a été en partie modifié suite à son passage en conseil des ministres et entrera en vigueur dès le 1er avril prochain. Tour d’horizon des nouveautés pour les acheteurs.

Sourçage

L’article 4 du décret remplace le terme initialement prévu de « sourçage » par celui « d’études et échanges préalables avec un opérateur » : ces « études et échanges préalables avec des opérateurs économiques » devraient permettre une meilleure connaissance du tissu économique et la limitation des procédures infructueuses.

 

Négociation des procédures en Mapa

L’article 27 prévoit que, dans le cadre d’une procédure adaptée, l’acheteur puisse attribuer un marché public sur la base des offres initiales sans négociation, à condition d’avoir indiqué au préalable qu’il se réserve la possibilité de le faire. Autrement dit, si l’acheteur souhaite ne pas négocier, il doit l’indiquer explicitement dans les documents du marché.

 

Dume

L’article 49 du décret ne rend pas obligatoire l’utilisation du document unique de marché européen (Dume) au 1er avril  pour les acheteurs des collectivités, toutefois il précise que ceux-ci ne pourront pas refuser une candidature déposée par Dume imprimé. Enfin, en ce qui concerne la dématérialisation des marchés publics, l’acheteur est tenu d’accepter, à partir du 1er avril 2017 pour les centrales d’achats, et à partir du 1er avril 2018 pour les autres, les candidatures effectuées via Dume électronique.

 

Critères d’attribution des offres

Les critères d’attribution tels que l’accessibilité, l’innovation, la biodiversité, ou encore le respect du bien-être animal sont désormais inscrits dans l’article 62.

 

Variantes

L’utilisation de variantes était déjà autorisée dans le cadre des procédures adaptées (ou Mapa). Dans le troisième paragraphe, l’article 58 précise que, dans le cadre d’une procédure formalisée, l’acheteur doit mentionner les « exigences minimales » que les variantes doivent respecter. 

 

Rejet d’une candidature

Dans le cadre d’une procédure formalisée, l’article 99 explique que le candidat doit être tenu informé immédiatement des motifs du rejet de sa candidature ou de son offre. Dans le cadre d’un Mapa, le décret oblige l’acheteur à (i) informer simplement du rejet de l’offre ou de la candidature, (ii) sans donner de motifs simples ou détaillés ou autres informations. C’est seulement sur demande de l’opérateur que l’acheteur doit communiquer les motifs de rejet sous un délai de quinze jours.

 

Marchés à bon de commande

Dans le nouveau décret, l’unification des marchés fractionnés est réalisée sous la dénomination « accords-cadres », dont font désormais partie les marchés à bon de commande. Une clarification de vocable voulu notamment par la transposition des textes du droit européen.

 

Marchés de services juridiques

L’article 29 précise que les marchés de services juridiques de représentation légale d’un client par un avocat et de consultation juridique fournis par un avocat ne sont pas soumis aux règles de mise en concurrence et de publicité. L’acheteur définit librement les modalités de publicité et de mise en concurrence en fonction du montant et des caractéristiques du marché public. 

29
mars
2016

Résolution commune des associations d'élus du bloc communal sur la réforme de la DGF

Finances et fiscalité locales

Les associations d'élus ont remis, mardi 29 mars, une résolution commune sur la réforme de la DGF à Jean-Michel Baylet, ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des collectivités territoriales.

Vous pourrez retrouver le texte intégral de cette résolution en cliquant ici.

29
mars
2016

Résolution commune des associations d'élus du bloc communal sur la réforme de la DGF

Finances et fiscalité locales

Alors que la réforme de la DGF est actuellement examinée par deux groupes de travail parlementaire, les associations d'élus ont remis, mardi 29 mars, une résolution commune à Jean-Michel Baylet, ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des collectivités territoriales.

Dans cette résolution, les associations d’élus ont souligné que toute réforme de la DGF devait pleinement prendre en compte le contexte financier des collectivités territoriales. Dès lors, la révision du programme de réduction des dotations de l'État constitue un préalable. Elles ont également demandé à ce que la répartition de cette baisse de DGF soit revue afin d’être plus juste et plus lisible.

Les associations d’élus ont rappelé leur demande d’un groupe de travail commun pour mener les réflexions autour de cette réforme et le fait qu’une loi de finances rectificatives ne pouvait constituer le moyen de la mettre en œuvre. Une réforme qui engage les finances et les équilibres de l’ensemble des budgets du bloc communal ne peut être conduite dans le cadre d’une loi de finances rectificative et nécessite une loi spécifique. Une telle loi doit préfigurer une future loi de finances des collectivités locales, répondant ainsi aux objectifs de sincérité budgétaire et de plus grande démocratie.

 

Afin d’aboutir à une répartition plus juste de la DGF, les associations d'élus du bloc communal estiment qu’il doit être tenu compte des ressources, des charges et d’une meilleure prise en compte des niveaux de pression fiscale, corrélés à la capacité contributive des ménages. Elles confirment leur accord avec une dotation de base égalitaire complétée par une dotation de ruralité, et une dotation de centralité dont la définition doit être revisitée afin de refléter la réalité des charges. Elles ont également appelé à ce que la partie péréquation de la réforme soit appliquée dès 2017, pour plus de justice. Les associations d'élus du bloc communal demandent la mise en place d’une évolution logarithmique pour la DSU ainsi qu’elle était prévue dans le projet initial de réforme. Par ailleurs, la DSR devra être redéfinie afin d’assurer plus de justice.

 

Etant donné l’impact cumulatif des baisses de DGF déjà subies, des effets de la réforme et du financement de la péréquation, les garanties définies à ce stade n’apparaissent pas suffisantes. Les associations du bloc communal ont demandé que les dispositifs de garantie et de lissage puissent réellement jouer un rôle de protection pour garantir la soutenabilité de la réforme.

 

La réforme de la DGF venant s'insérer dans le cadre plus global du système fragilisé des finances locales, les associations du bloc communal ont réitéré leurs demandes d’un engagement des pouvoirs publics sur la sanctuarisation des ressources fiscales du bloc communal, de la production d'une évaluation  des conséquences de l'assèchement progressif des compensations d'allégements fiscaux et de l’engagement de l'Etat de réduire les dépenses contraintes des collectivités territoriales

 

Vous pourrez retrouver le texte intégral de cette résolution en cliquant ici.

28
mars
2016

Olivier Dussopt : pour les maires de petites villes, "les grands sujets restent les mêmes"

Réforme territoriale et gouvernance locale

Baisse des dotations, réforme de la DGF, schémas départementaux de coopération intercommunale (SDCI), groupements hospitaliers de territoire, redynamisation des centres-ville... Pour l'Association des petites villes de France (APVF), les sujets de préoccupation ne manquent pas. Interrogé par Localtis, son président, Olivier Dussopt, député-maire d'Annonay, qui fut notamment rapporteur de la loi Notr, revient sur le point de vue de son association face à ces questions qu'il suit de près.

Localtis - Vous avez récemment rencontré Jean-Michel Baylet, vous connaissez bien Estelle Grelier... est-ce que l'arrivée de ce nouveau tandem ministériel en charge des collectivités pourrait esquisser certains changements pour vous et votre association ?

Olivier Dussopt - Pour moi en tant que président de l'APVF, ces nominations ne changent pas fondamentalement la donne par rapport à ce qui s'était construit avec Marylise Lebranchu, avec laquelle nous avions établi une relation de confiance. Les grands sujets, au fond, restent les mêmes.
Sur le terrain des finances, il s'agit bien toujours du niveau des dotations. L'APVF avait d'emblée considéré qu'il était normal que les collectivités participent à l'effort de redressement des finances publiques. Mais nous avons aussi dit que le montant nous semblait trop élevé et le rythme trop rapide. Nous avons d'ailleurs, récemment encore, renouvelé notre demande d'un étalement sur deux ans de la baisse des dotations prévue pour 2017. Nous avons aussi rappelé à quel point l'impact de la baisse des dotations sur la période 2014-2017 se fait sentir sur le niveau d'investissement des collectivités. D'où la nécessité, selon nous, de pérenniser le fonds d'investissement de 1 milliard d'euros créé pour 2016, ainsi que l'abondement exceptionnel de la dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR). C'est d'ailleurs sans doute quelque chose qui est propre à l'APVF : ne pas mettre uniquement l'accent sur ce qui ne va pas, mais aussi se féliciter des mesures positives qui sont prises - cet abondement de DETR, le fonds d'investissement, les dispositions concernant le FCTVA… On peut aussi songer au maintien des aides du fonds de soutien pour les rythmes scolaires.
L'autre grand sujet du moment est naturellement la réforme de la dotation globale de fonctionnement (DGF). La réforme initiale telle que proposée par le gouvernement ne nous satisfaisait pas. Nous adhérions aux principes annoncés, mais nous nous sommes rapidement rendu compte qu'un certain nombre de communes qui auraient dû être gagnantes ne l'étaient pas. Ainsi, les communes comptant entre 7.000 et 20.000 ou 25.000 habitants sont souvent perdantes en particulier quand elles appartiennent à un EPCI de moins de 100.000 habitants. Et parmi elles, les communes de la strate de 15.000 habitants à 20.000 habitants, la strate 9, sont les plus touchées. C'est là que se situe le principal "trou dans la raquette"…

Sur ce sujet de la réforme de la DGF toutefois, les choses pourraient évoluer…

En effet, le gouvernement relance aujourd'hui le débat. En tant que député, je fais d'ailleurs partie du groupe de travail dédié à cette réforme, commun à la commission des lois et la commission des finances de l'Assemblée. Nous venons, avec les sénateurs qui ont eux aussi constitué un groupe de travail, d'entendre Jean-Michel Baylet sur le sujet. La consigne pour le ministre est d'aller au bout de la réforme, mais avec une ouverture quant à ses modalités. Le cadre, donc, n'est pas figé.

Cela ne risque-t-il pas de relancer les discussions voire les désaccords qui étaient apparus l'an dernier entre les associations d'élus ?

Probablement. Mais il est normal que les différentes associations d'élus locaux défendent les strates qu'elles représentent.

S'agissant de la baisse des dotations, avez-vous là aussi perçu une petite ouverture de la part du gouvernement, y compris de la part de Christian Eckert lorsque celui-ci avait déclaré que les "curseurs" pourraient bouger ?

Fin 2015 en effet, le secrétaire d'Etat au Budget a laissé entendre que l'année 2016 pourrait déboucher sur un ajustement de la baisse initialement envisagée. C'était la première fois que Christian Eckert s'exprimait en ce sens et ce sont donc des propos auxquels nous avons naturellement prêté attention… même si ses déclarations le 25 mars sont plus fermées. J'ai un peu de mal à l'entendre dire que notre situation financière s'améliorerait et en faire une généralité.

Sur le plan institutionnel, le grand sujet du moment pour le bloc local est l'adoption des schémas départementaux de coopération intercommunale (SDCI), qui doit être intervenue pour ce 31 mars. Que vous disent les remontées de terrain au sein de l'APVF là-dessus ?

Oui, l'actualité, ce sont vraiment les schémas. On constate en tout cas que la situation est très contrastée d'un département à l'autre. Dans certaines commissions départementales de coopération intercommunale (CDCI), les choses se passent très bien. Et que paradoxalement, ce n'est pas forcément là où les fusions les plus importantes sont prévues que c'est le plus difficile. Lorsque cela a achoppé, c'est principalement pour deux types de raisons. Tout d'abord, celles liées aux modalités de concertation. Des difficultés sont ainsi apparues lorsque le préfet a voulu aller trop vite. Ou lorsqu'il a eu la tentation d'avoir d'emblée recours à la procédure du "passer outre", qui l'autorise à ne pas tenir compte de l'opposition des élus locaux. Les raisons tiennent par ailleurs aux questions relatives à la future gouvernance. Lorsque le nouveau périmètre d'une intercommunalité est appelé à inclure un grand nombre de communes, des craintes s'expriment naturellement quant à la prise en compte de la voix chacune de ces communes. D'où le texte de loi de mars dernier autorisant les accords locaux sur la composition des assemblées délibérantes des communautés. Rappelons que ce texte, dont j'ai été le rapporteur à l'Assemblée, faisait suite à décision du Conseil constitutionnel "Commune de Salbris" qui avait censuré cette faculté d'accords locaux au nom du principe d'égalité devant le suffrage. Mais cette loi de 2015 est au final beaucoup moins souple que la loi de 2012 [loi Richard relative à la représentation communale dans les communautés de communes et d'agglomération, NDLR]. Et ne résout pas tous les problèmes. Beaucoup de communes ne comptent ainsi qu'un seul représentant au sein du conseil communautaire. Il n'y a guère de solution à cela pour le moment, sachant qu'il faut aussi éviter le risque d'assemblées pléthoriques…

Certaines voix se sont élevées, y compris via des propositions de loi, pour demander un étalement du calendrier de mise en œuvre des schémas, qu'en dites-vous ?

Je suis très réservé sur cette demande, formulée par certains élus, d'un report de l'échéance pour la mise en œuvre des SDCI, à savoir le 1er janvier 2017. Y compris parce que cela aurait de multiples conséquences sur d'autres terrains, les modifications de périmètres ayant naturellement un impact, par exemple, sur la définition des zones de revitalisation rurale (ZRR), les plans locaux d'urbanisme, les Scot… Le ministre Jean-Michel Baylet l'a d'ailleurs récemment rappelé.

Sur les autres volets de la réforme territoriale, quels sont les grands enjeux mis aujourd'hui en exergue par les maires de petites villes ?

Au-delà de la dimension intercommunale, une question importante pour nous est celle de la répartition des compétences entre départements et régions, et donc notamment celle de l'aide que les départements vont pouvoir continuer à apporter au bloc local. La réforme des administrations territoriales de l'Etat représente également un vrai sujet.

L'APVF s'est récemment exprimée sur la nouvelle loi Santé, et plus précisément sur les groupements hospitaliers de territoire (GHT). En quoi la mise en place de ces groupements vous inquiète-t-elle ?

La loi Santé vient, sur plusieurs points, répondre de façon positive à nos attentes en matière d'amélioration de la qualité des soins sur le territoire. Mais nous craignons que la mise en place des GHT se fasse de façon précipitée, sans concertation suffisante, et aboutisse à une concentration excessive de l'offre de soins au détriment des petits hôpitaux et donc des soins de proximité. Nous nous interrogeons aussi sur la place minime qui risque d'être donnée aux élus locaux dans la gouvernance des GHT s'ils sont uniquement associés dans le cadre du "comité territorial des élus".

Les prochaines Assises des petites villes, qui auront lieu les 26 et 27 mai à La Grande Motte, mettront notamment à l'honneur la thématique de l'attractivité et de la redynamisation des centres-ville. C'est une problématique dont il est beaucoup question de toutes parts actuellement...

C'est en effet un enjeu lourd pour les villes de 3.000 à 20.000 habitants, pour lesquelles, notamment, le développement des zones de périphérie a engendré beaucoup de dégâts. On songe évidemment au commerce de centre-ville, mais cet aspect est indissociable d'une dimension plus large du problème, celui de la précarisation des centres-ville, y compris en termes d'habitat. Il est donc important pour nous d'avoir une vision globale, d'articuler les volets commerce et habitat. Cela peut sembler évident mais on l'oublie pourtant parfois : le commerce de proximité ne peut fonctionner que si les habitants sont bien là… Or nombre de centres-ville sont frappés par un problème de sous-densité. Les raisons sont multiples. Y compris la fiscalité des ménages, elle-même liée à la question des charges de centralité…
En matière de commerce, afin que la commune puisse continuer à mener une politique d'appui à la redynamisation du centre, j'ai veillé, en tant que rapporteur de la loi Notr, à ce que la politique locale du commerce et le soutien aux activités commerciales restent dans le champ de définition d'un intérêt communautaire afin que les communes puissent intégrer ces actions dans les plans de rénovation de leurs centres-ville.

Les dispositifs dans ce domaine sont nombreux aujourd'hui… Ne finit-on pas par s'y perdre un peu ?

On assiste en effet à une prolifération des programmes. L'un des objectifs lors des Assises sera précisément aussi de repérer les meilleurs outils, de voir comment les dispositifs peuvent s'articuler au mieux. Y compris, donc, en matière de logement. L'APVF a notamment participé activement à la définition du programme de revitalisation des centres-bourg lancé par Sylvia Pinel. On peut aussi mentionner le programme national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRAQD), dont a par exemple pu bénéficier ma ville d'Annonay avec, à la clef, une intervention couplée de l'Etat, de l'Anru et de l'Anah. La Caisse des Dépôts est également un acteur important sur ce terrain.

L'APVF a tout récemment signé une convention de partenariat avec la Caisse des Dépôts. Quels en sont pour vous les traits saillants ?

Notre partenariat avec la Caisse des Dépôts est un partenariat historique, fidèle. L'un des plus importants pour notre association. Cette nouvelle convention inclut aujourd'hui selon moi deux aspects prioritaires. Il y a l'organisation commune de réunions décentralisées en région. La prochaine a lieu ce 31 mars à Dijon au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, après Nantes, Lyon et Orsay, et sera centrée sur la mise en œuvre de la loi Notr - à la fois sur la rationalisation de la carte intercommunale et sur la complémentarité région-intercommunalité en termes d'aménagement du territoire et de développement économique. Ceci en présence de Marie-Guite Dufay, la présidente de région, et d'Antoine Bréard, le directeur régional de la Caisse des Dépôts. Ce type de rencontres est particulièrement pertinent pour permettre les échanges directs avec et entre les élus. L'autre axe important est de travailler avec la Caisse des Dépôts sur des solutions d'aide aux petites villes - d'aide à l'investissement bien sûr, mais aussi, par exemple à travers des outils tels que les sociétés d'économie mixte à opération unique (SemOp), d'aide à l'ingénierie de projets.

Propos reccueillis par Claire Mallet

23
mars
2016

Sécurité dans les transports : promulgation de loi Savary après les attentats de Bruxelles

Services publics, Questions de société

Adoptée par le Parlement le 9 mars dernier et tout juste publiée au journal officiel, la loi sur la sécurité dans les transports collectifs a fait l’objet d’une promulgation rapide, probablement précipitée par les attentats de Bruxelles.

Pour rappel, l’article 20 de cette nouvelle loi vient étoffer les missions attachées aux polices municipales et leur permet d’intervenir directement à l’intérieur des rames de transport en commun, à la condition que les maires et présidents d’EPCI en fassent la demande. Cette disposition doit toutefois être précisée par un décret pris en Conseil d’Etat.

D’autre part, l’article 11 de cette nouvelle loi entérine l’obligation pour les usagers de pouvoir présenter un titre de transport ou une pièce d’identité dans les transports ou dans les zones dont l’accès est réservé aux personnes munies d’un titre de transport. Prolongeant un peu plus l’ambition de ce texte de loi, Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur, a évoqué hier dans la foulée des attentats que « les accès aux zones publiques des infrastructures de transport sont désormais uniquement réservées aux personnes munies d’un titre de transport et ou d’une pièce d’identité » laissant planer ainsi le doute sur le champ exact couvert par cette nouvelle législation. Dans cette perspective, le ministre a en outre annoncé hier le déploiement de 1600 agents des forces de l’ordre supplémentaires.

Pour consulter l’intégralité du texte de loi, cliquez ici :

https://www.apvf.asso.fr/files/publications/Loi-2016-Securite-dans-les-transports.pdf

23
mars
2016

Loi Biodiversité : en 2nde lecture, les députés conservent le travail du Sénat sur les collectivités

Ville intelligente et durable, Questions de société

En fin de semaine dernière, les députés ont adopté, en deuxième lecture, le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, dit « Loi Biodiversité ». Lors de ce second examen, les députés se sont efforcés de retenir les modifications introduites par le Sénat en première lecture concernant les collectivités.

Tout d’abord, la nouvelle Agence française de la biodiversité, créée par la loi, devrait effectivement bien comporter un collège de représentants des collectivités territoriales. Les collectivités qui le souhaitent pourront également créer des établissements publics de coopération environnementale (EPCE) qui se verraient « chargés d’accroître et d’améliorer les connaissances sur l’environnement, leur diffusion et la sensibilisation et l’information des publics, d’apporter un concours scientifique et technique aux pouvoirs publics et d’assurer la conservation d’espèces ou la mise en place d’actions de restauration des milieux naturels ».

Concernant l’exercice de la compétence Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI) par les communes et leurs groupements, instaurée par la loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action publique, le texte conforte la possibilité pour les communes et les ECPI à fiscalité propre de lever la taxe Gemapi « même s’ils ont transféré tout ou partie de la compétence à un syndicat, y compris EPAGE et EPTB ». Un tel aménagement avait été demandé notamment par l’APVF dans le cadre du dialogue national des territoires.

S’agissant enfin de la « prime » à la réduction de l’éclairage nocturne sur la voirie versée via l’enveloppe DSR (dotation de solidarité rurale) qui devait voir le jour dans la version initiale élaborée par les députés, celle-ci a finalement été rejetée lors d’un scrutin public, conformément au souhait des sénateurs.

Le gouvernement souhaite que ce texte soit adopté avant l’été. L’APVF restera bien-sûr attentive aux évolutions qui pourraient impacter ce dernier.

Pour consulter l’intégralité du texte adopté en seconde lecture par l’Assemblée nationale, cliquez ici : https://www.apvf.asso.fr/files/publications/Texte-mars-2016-2nde-lecture-AN.pdf    

23
mars
2016

FPT point d’indice : une mesure juste mais couteuse pour les collectivités territoriales

Services publics

Le Gouvernement a annoncé le 17 mars la revalorisation du point d’indice de 1,2%, alors que celui-ci était gelé depuis 2010. L’APVF a salué une mesure juste mais coûteuse pour les finances locales.

Cette revalorisation représente « 2,4 milliards d'euros d'effort pour le budget de la France » selon Annick Girardin, dont 552 millions d'euros pour la fonction publique hospitalière et 648 millions d'euros pour la fonction publique territoriale. Elle interviendra en deux temps: +0,6% au 1er juillet et +0,6% au 1er février 2017. Au-delà de cette hausse de la valeur du point, les collectivités devront également financer les hausses de traitement consécutives à l'évolution des grilles prévues dans le cadre du protocole parcours professionnels, carrières et rémunérations (PPCR).

 

L’ensemble de ces mesures, si elles sont justes alors que les fonctionnaires ont participé au redressement des dépenses publiques avec le gel de l’indice depuis 2010, ont un coût important pour les collectivités territoriales. Or, les petites villes doivent supporter un nombre de charges contraintes importants, notamment liées à la mise en place des rythmes scolaires. Dès lors, l’APVF a réitéré sa demande d’un étalement de la baisse de 3,5 milliards d’euros sur deux années afin d’absorber les charges nouvelles pesant sur les collectivités territoriales. 

 

Vous pourrez retrouver le communiqué de presse de l'APVF en cliquant ici