Christophe Lubac, Maire de Ramonville-Saint-Agne (Haute-Garonne), 14 000 habitants, répond à nos questions sur la gestion de la crise sanitaire dans sa commune.
Quelle est la situation sanitaire sur votre territoire ?
Sur la commune de Ramonville la situation sanitaire est plutôt bonne. Il n’y a pas eu de foyer de contagion particulier. Les chiffres sont également bons dans le département de la Haute-Garonne, où 37 décès ont été recensés depuis le début du confinement le 17 mars dernier, soit presque 3 fois moins que d’autres départements de la région Occitanie. A Ramonville, nous avons mis en place dès le début du confinement un centre Covid19 dédié à la consultation de patients présentant des symptômes forts de la maladie. Le centre a permis d’accueillir 15 patients en moyenne par semaine depuis son ouverture.
Comment sont mobilisés vos agents municipaux dans cette période de crise ?
Les modalités de mobilisation sont très diverses. De nombreux agents sont sur le terrain afin d’assurer la continuité de service public. Le maintien du marché de plein vent, sur dérogation préfectorale que nous avons obtenu, mobilise plusieurs agents, qui ont du organiser l’accueil de plus de 3 500 personnes en 5 matinées de marché.
Il en est de même pour l’accueil téléphonique en Mairie. Les administrés attendent de nous des réponses rapides à des questions précises ou des besoins urgents. Au total plus de 850 appels ont été traités depuis le 17 mars pour l’accueil général et plus de 500 pour l’accueil spécifique au CCAS. Ce sont autant d’agents mobilisés en roulement pour assurer ces permanences. Assurer les maraudes sociales, l’entretien de la ville ou la surveillance des bâtiments communaux mobilisent également du personnel sur le terrain. Le télétravail a également été mis en œuvre très rapidement dès le 17 mars et mobilise un majorité d’agents qui depuis leur domicile assurent la continuité de gestion, de suivi et de traitement des demandes. Là encore la mobilisation est grande et je sais les personnels de la Mairie particulièrement investis pour satisfaire aux exigences de continuité de service. Enfin, et comme dans toute collectivité, certains agents sont en position d’Autorisation Spéciale d’Absence – ASA – pour cause de garde d’enfant du fait de la fermeture des écoles notamment.
Avez-vous le sentiment que les mesures de confinement sont correctement respectées et acceptées par vos administrés ?
Oui, cela ne fait pas de doute. Les administrés ramonvillois ont vite compris l’enjeu du confinement et l’ont respecté très scrupuleusement. Passés les premiers jours lors desquels certaines règles n’avaient pas encore été très précisées par les autorités gouvernementales, la clarification des règles a amené à une clarification des comportements autorisés ou non. Certaines zones concentrent davantage l’attention des forces de Gendarmerie, et notamment les abords du Canal du midi qui traverse notre commune. Des contrôles à terre, en hélicoptères et en drone ont été effectués sur notre commune comme sur l’ensemble des communes du bassin toulousain afin de vérifier le respect des règles, qui se fait dans de bonnes conditions. Bien sûr le confinement peut provoquer des situation difficiles au sein des foyer ou un sentiment d’isolement. Pour y répondre, la Mairie a mis en place un Réseau d’écoute disponible 7 jours sur 7 afin de prêter une oreille attentive et d’accompagner des situations parfois compliquées. En cas de besoin, le Pôle action sociale est appelé à prendre le relais.
Avez-vous mis en place des mesures supplémentaires par rapport à celles annoncées par le Gouvernement pour assurer la sécurité sanitaire ?
Comment organisez-vous la solidarité sur votre territoire, notamment à l’égard des personnes fragiles et isolées ?
La solidarité est à la fois facilité par la Mairie et organisée spontanément par les administrés. Des réseaux d’entraides se sont organisés naturellement du fait de solidarité de voisinage déjà existantes ou résultant de la crise. Souvent, la municipalité s’est posée comme levier de solidarité, en diffusant l’information, proposant des dispositifs d’accompagnement, mettant en lien des initiatives, facilitant des actions. Le propre de cette crise est d’avoir peut-être replacé la solidarité au cœur des préoccupations des administrés, qu’elle soit pratiquée dans leur environnement propre (voisinage) ou par la collectivité locale.
Je pense que demain les attentes des administrés envers la collectivité auront également changé et seront davantage tournées vers des enjeux de solidarité et de vivre-ensemble davantage que sur une vision comptable et gestionnaire.
La ville a également mis en place des bons alimentaires pour les familles fragiles financièrement et dont les enfants étaient habituellement scolarisés. Plus de 50 000 € d’aides ont été débloqués à ce titre. La distribution de colis alimentaires complémentaires à la Banque Alimentaire en direction des 0-3 ans a également été mise en place pour soutenir les 300 personnes placées par le SIAO et la Prefecture en hébergement d’urgence sur notre commune.
Autre exemple encore de solidarité organisée, l’appel des personnes fragiles recensées par la Mairie entre 1 et 3 fois par semaine afin de s’assurer qu’elles vont bien et trouver des solutions adaptées à leur situation et aux difficultés rencontrées le cas échéant (relais pour la distribution de courses alimentaires via un partenariat avec la Protection Civile, etc.).
Le service public est au coeur de la logique de solidarité en ce sens où il irrigue l’ensemble des pans de la vie sociale sur notre territoire et assure un accès égalitaire à toutes et tous. C’est cette notion de solidarité que nous avons également portée avec la mise en place d’un service public local de qualité et un plan de continuité efficace pour y parvenir.
Des formes de solidarité existent-elles entre les collectivités de votre territoire ?
Nous sommes en contacts réguliers avec les communes environnantes de l’intercommunalité à laquelle nous sommes rattachés. Si des questions se posent ici elles se posent vraisemblablement pour nos voisins. Nous échangeons les bonnes pratiques dont nous pouvons faire preuve et les contacts de prestataires si besoin. L’intercommunalité est restée active pendant le confinement, malgré les difficultés à fonctionner dans un entre deux tours ou certaines communes sont pourvues d’une nouveau Conseil municipal non encore installé et d’autres suspendue à une nouvelle convocations des électeurs aux urnes. Malgré tout, l’intelligence collective prime en cette période au-delà de toute autre considération et les échanges entre collectivités participent clairement de la logique de solidarité en tant qu’ADN de ce qu’est le service public.
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