Stéphan Rossignol, Maire de de La Grande-Motte (Hérault), 8 820 habitants, répond à nos questions sur la gestion de la crise sanitaire dans sa commune.
Quelle est la situation sanitaire sur votre territoire ?
Ma commune est, pour l’instant, relativement préservée par la propagation du virus. Néanmoins, le département de l’Hérault est sous tension et dans la commune voisine de Mauguio, dans l’Agglomération du Pays de l’Or que je préside, un EHPAD a été fortement touché par le virus, entrainant de nombreux décès. La maison de retraite de La Grande Motte n’a, pour l’instant, fort heureusement, pas été touchée. Néanmoins, dans ma commune, où réside une forte proportion de personnes fragiles et âgées de plus de 70 ans, nous devons avoir une réponse sociale et sanitaire spécifique. Nous avons ainsi accompagné le corps médical dans la création d’un centre avancé de dépistage du virus.
La commune dispose de masques « médicaux » pour les soignants et les agents les plus exposés. Nous devons faire face, désormais, à la demande de masques dits « alternatifs » pour accompagner la fin du confinement. Une commande est en cours. Mais sont en question les délais de réception et les modalités de distribution.
Comment sont mobilisés vos agents municipaux dans cette période de crise ?
La plupart des agents municipaux travaillent à domicile ou sont en autorisation spéciale d’absence. La mairie est restée ouverte aux heures habituelles avec la présence d’un agent d’accueil. Les services communaux essentiels sont assurés comme l’Etat civil, ou les actions des services techniques. Un accent a été mis sur la sécurité, avec une présence affirmée de la Police municipale, et le social avec l’action du CCAS. Il est très important dans ces périodes de garder un lien régulier avec nos concitoyens pour expliquer, aider, rassurer.
Avez-vous le sentiment que les mesures de confinement sont correctement respectées et acceptées par vos administrés ?
Dès les débuts les Grand Mottois se sont pliés, avec discipline, aux règles de restrictions des déplacements et l’obligation d’avoir une attestation. Avec la venue du printemps et des belles journées, nous avons remarqué un léger relâchement, renforcé par l’arrivée de quelques propriétaires de résidences secondaires imaginant venir passer une quarantaine « dorée », en bord de mer.
Avez-vous mis en place des mesures supplémentaires par rapport à celles annoncées par le Gouvernement pour assurer la sécurité sanitaire ?
Effectivement. Ce n’est pas de gaité de cœur que j’ai demandé au représentant de l’Etat dans le département de réduire un peu plus, et temporairement bien sûr, certains droits de mes administrés. Les maires sont aussi les garants de la bonne santé de leurs concitoyens. Entre liberté et sécurité, j’ai décidé, de manière provisoire, de mettre le curseur sur la sécurité sanitaire, en l’occurrence. Ainsi, avec le Préfet nous avons interdit l’accès aux plages, puis à certains sites naturels. Cette « piqûre de rappel » était nécessaire pour faire prendre conscience à tous que nous restions, malgré le cadre agréable de la cité, en état d’urgence sanitaire.
Au sujet de nos marchés de plein air, je me suis battu auprès de la préfecture pour les maintenir, avec la mise en place de règles sanitaires strictes, et permettre ainsi à la population d’avoir accès à des produits locaux de qualité. L’Etat, sur ce genre de dossier, doit pouvoir faire confiance aux communes.
Comment organisez-vous la solidarité sur votre territoire, notamment à l’égard des personnes fragiles et isolées ?
Entre la commune (CCAS) et l’agglomération (CIAS), nous disposons d’une force de frappe importante dans ce domaine. Nos agents ont pris contact avec la population dite vulnérable pour résoudre les problèmes et proposer un soutien psychologique. En plus du portage de repas, déjà effectué par l’Agglomération du Pays de l’Or, nous avons mis en place un système de service de livraison de courses alimentaires et de produits ménagers pour certains particuliers. Nous avons d’ailleurs mis à disposition des habitants consommateurs un guide des commerces de la commune ouverts durant la crise sanitaire. Autre innovation intéressante, celle du centre de loisirs virtuel, sur les réseaux sociaux, qui permet de proposer des séances ludiques coordonnées par nos animateurs, aux familles du territoire. Cette démarche novatrice rencontre un succès remarqué riche d’enseignement pour la vie d’après. On peut aussi citer l’exemple de la bibliothèque municipale ou du conservatoire qui réalisent des animations en ligne.
Des formes de solidarité existent-elles entre les collectivités de votre territoire ?
Je partage très régulièrement avec les collègues maires de l’Agglomération. Nous échangeons sur nos pratiques, nos interrogations, comme la réouverture des écoles et les réponses à donner. Toutes les collectivités partenaires sont au rendez-vous comme le Département, qui va nous aider à acquérir des masques alternatifs, ou la Région, sur la réponse économique. J’ai également des liens réguliers avec l’Etat, via la préfecture. Nous pourrons faire le bilan, après coup, des erreurs de cette crise et il y en a sûrement beaucoup. Mais force est de constater que face à la crise, au-delà de la pathétique foire à l’achat de masques, qui s’avoisine à un véritable pugilat commercial, le territoire a su mettre en place une raisonnable union sacrée qui fait honneur à la vie politique.
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Crédit photo : Gérald GUIBERT