Le lancement d’un hashtag #BalanceTonMaire par des militants proches de La République en Marche sur le réseau social Twitter, supposé dénoncer les maires qui auraient augmenté leur taxe d’habitation, a suscité un tollé parmi les élus locaux et leurs associations représentatives. Plusieurs élus de l’APVF ont fait part ce weekend de leur indignation, à commencer par le Président de l’APVF Christophe BOUILLON qui lors d’une rencontre dédiée aux finances locales mardi dernier a évoqué “une méthode inadmissible et scandaleuse visant à stigmatiser les élus locaux.”
Pour rappel, le gouvernement avait annoncé que, dès 2018, la taxe d’habitation allait diminuer pour 80 % des Français, avec notamment une diminution de 30 % pour 22 millions de foyers. Cependant, certains contribuables ont eu la surprise, en réceptionnant leur avis, que le montant de la taxe d’habitation était resté stable, voire dans certains cas, avait augmenté. Une situation que certains, parfois proches de la majorité n’ont pas hésité à imputer aux maires. Le gouvernement lui-même a pris l’initiative de faire figurer sur certains avis d’imposition une mention lourde de sens : « À la suite de la réforme nationale de la taxe d’habitation, vous bénéficiez pour cette année d’une réduction de 30% de cet impôt. Toutefois, l’une au moins de vos collectivités locales ayant augmenté son taux ou supprimé des avantages vous concernant, votre gain est diminué. »
L’analyse de la base de données fiscales rendue publique démontre toutefois que ces situations sont extrêmement marginales : seules 138 communes sur les 35 335 référencées dans la base, ont augmenté leur taux de plus de 30 %, entraînant mécaniquement une augmentation de la TH. Par ailleurs, dans l’immense majorité des cas, les contribuables qui ont connu une hausse nette du montant de leur imposition le doivent à une modification de la composition du foyer fiscal.
Cela étant dit, l’APVF tient à rappeler que les élus locaux, désignés au suffrage universel, disposent de la liberté constitutionnelle de choisir la manière dont ils financent les missions confiées par le législateur. Ce n’est pas devant le gouvernement, mais devant les électeurs, lors des élections municipales de 2020 que les maires auront à rendre compte de leur gestion. D’autant que comme l’a affirmé le Président de l’APVF Christophe Bouillon :”je ne connais pour ma part aucun maire qui augmente les impôts pour le seul plaisir d’être impopulaire.”
Premier membre du gouvernement à réagir : le secrétaire d’État Olivier Dussopt, ancien Président de l’APVF, a dénoncé la démarche relative au lancement du hastag #Balancetonmaire, affirmant ne partager ni « le hashtag ni la mise en cause ni la comparaison plus que douteuse que cela traduit ».
Dans un tweet très largement relayé, le sénateur Loïc Hervé, Secrétaire général de l’APVF a lui aussi dénoncé l’initiative, affirmant : « Que ceux qui sont à l’origine #balancetonmaire aient un jour le courage de se présenter aux élections municipales, le talent pour les remporter et les compétences pour gérer une commune et assumer la baisse structurelle des concours financiers de l’Etat. »
Jean-Yves de Chaisemartin, Maire de Paimpol, Vice-président de l’APVF a quant à lui rappelé sur Twitter que les maires étaient avant tout : « des femmes et des hommes qui ne comptent pas les heures, leurs jours ni leurs nuits, pour être là surtout quand ça ne va pas ». Une occasion pour l’élu breton de lancer un autre hashtag « #aimetonmaire » qui a également été relayé depuis le weekend.
Enfin, Philippe Laurent, Maire de Sceaux, Secrétaire général de l’AMF et Vice-président de l’APVF a rappelé l’évidence suivante : « si l’État faisait des cadeaux avec son propre argent et pas avec celui des autres, les choses seraient plus claires…»
Aux fins de clore la polémique, le Secrétaire d’Etat Julien Denormandie a publié mercredi 17 octobre un ultime message bienvenu : « Les maires effectuent un travail formidable. Ils sont les représentants de la République au quotidien. Je veux leur dire ma reconnaissance. Je travaille main dans la main avec eux, toutes sensibilités confondues, et continuerai de le faire. »