Le 5 mars dernier s’est tenu rue de Valois le Conseil des territoires pour la culture, en présence de la ministre Rachida Dati. Ce premier échange avec les associations d’élus, où l’APVF était représentée par sa Vice-Président Laurence Porte, maire de Montbard, a été l’occasion de présenter les priorités de la ministre en matière de culture dans les territoires.
Sous les ors de la rue de Valois, la nouvelle ministre de la culture n’avait qu’un mot à la bouche lors de son premier Comité des territoires pour la culture : “égalité des chances”. Egalité des chances sociales mais également territoriales. Mme Dati a souligné en avant-propos la place particulière des collectivités territoriales dans la vie culturelle en France. S’il s’agit bien d’une compétence partagée, ce sont les territoires qui réalisent l’essentiel des investissements dans le secteur.
Tout en se voulant rassurante sur les effets de la coupe de 10 milliards d’euros décidée par Bercy – le théâtre vivant ainsi que la création artistique dans les territoires devraient être épargnées – Mme Dati a indiqué souhaiter s’appuyer plus fortement sur la “créativité des élus locaux” pour la mise en œuvre des politiques culturelles. Cela passera par un travail plus étroit entre les DRAC et les élus locaux.
Éducation artistique et culturelle : un outil de l’égalité des chances
Mme Dati a présenté deux priorités, pour limiter les effets de “saupoudrage” : l’éducation artistique et culturelle, et le patrimoine.
Concernant l’éducation artistique et culturelle, l’outil phare développé depuis 2017 a été le pass culture. Si la ministre considère qu’il s’agit d’un très bon outil, elle admet cependant qu’il s’agit, pour le moment, d’un outil de reproduction sociale. Un effort tout particulier sera réalisé pour faciliter la mobilité et le tutorat pour améliorer le dispositif. Elle a en outre souhaité élargir l’éligibilité du dispositif, notamment en soutenant la part collective du pass culture. La ministre de la culture a toutefois défendu l’idée d’un pass culture national, au lieu d’étendre les pass culture régionaux existants : en effet, le pass national n’entrave en aucune façon l’existence d’initiatives locales, tout en assurant – du moins est-ce l’objectif – un accès à la culture à tous les jeunes de France.
Mme Dati est également revenue sur la décision du Président de la République de rendre obligatoire le théâtre et l’histoire de l’art. Elle a souligné l’efficacité de la mise en place de résidences d’artistes pour soutenir la mise en œuvre de cette mesure et a indiqué que des outils de financement dédiés étaient à l’étude. Une piste de réflexion est une extension des initiatives éligibles au mécénat.
La ministre est également revenue sur les écoles d’art qui, selon l’élu du 7e arrondissement de Paris, s’appuieraient trop peu sur l’apprentissage et l’alternance. Instruction a été donnée de les développer très largement.
S’agissant de la ruralité, qui a été présenté comme l’un des chevaux de bataille de Mme Dati, le “printemps des ruralités”, qui consiste en une concertation pour développer l’accès à la culture dans les territoires ruraux, est considérée comme un succès avec plus de 25 000 réponses reçues par le ministère. Il apparaît, sans surprise, que la question de la mobilité est le nœud gordien de l’accès à la culture dans les campagnes. L’enjeu de l’ingénierie culturelle a également été clairement identifié. La ministre a indiqué sans détours que “c’est à l’administration de s’adapter à ces spécificités”. Une série de propositions seront présentées prochainement pour répondre à ces différents enjeux.
Enfin, la ministre a évoqué la programmation culturelle pendant les Jeux Olympiques. Elle a évoqué son souhait que le “plus grand nombre de festivals” soient maintenus, alors que ses prédécesseurs, avaient assuré que tous les festivals seraient maintenus.
Patrimoine et proximité
L’autre axe prioritaire du ministère de la culture version Dati est la protection du patrimoine. La ministre, soulignant qu’il “n’y a pas un village de France sans patrimoine” considère en effet qu’il s’agit de la première porte d’entrée dans la culture. Elle invite par conséquent à faire davantage de ce qui est fait actuellement, et appelle à mettre en œuvre des restaurations sans attendre que des sinistres n’aient lieu.
Mme Dati a également répondu aux interrogations en matière de DPE (Diagnostic de Performance Energétique). Le Patrimoine ancien est en effet généralement mal isolé et les DPE associés sont généralement sévères. Les services du ministère de la culture ont cependant repéré une anomalie : lorsque les matériaux sont inconnus des référentiels des DPE, la valeur la plus défavorable est retenue, ce qui pénalise très largement le bâti ancien. Le DPE fera donc l’objet d’une révision, en collaboration entre le ministère de la culture et le ministère de la transition écologique, pour prendre ces facteurs en compte.
Le paquet sur les MJC
A l’occasion de ce Conseil des Territoires pour la Culture, Laurence Porte, maire de Montbard (Côte-d’Or) et Vice-Présidente de l’APVF a rappelé que le soutien aux MJC (Maisons des Jeunes et de la Culture) devait être une priorité pour la mise en œuvre d’une politique culturelle de proximité. Mme Dati a abondé en son sens en soulignant que la MJC, la mission locale et le centre social partageaient généralement un même public. Et c’est vers ce public qu’elle entend concentrer son action.
Le prochain comité des territoires pour la culture se réunira en septembre 2024.