Arnaud Leroy répond cette semaine aux questions de l’APVF concernant les enjeux de gestion et de tri des biodéchets et donne ses éclairages sur le rôle de SPHERE auprès des collectivités.
Les petites villes sont concernées par l’obligation de mise en œuvre d’un tri à la source des biodéchets à partir du 1er janvier 2024, comment expliquer le retard accumulé jusqu’ici sur cet enjeu et comment y répondre ?
L’obligation de collecte séparée et de valorisation des biodéchets existe depuis déjà bien longtemps, 2012 exactement pour les acteurs professionnels considérés comme « gros producteurs », soit 120 tonnes de biodéchets par an. Depuis le 1er janvier 2023, les acteurs professionnels qui produisent 5t/an sont assujettis à cette obligation, on y trouve de nombreux restaurants. La loi du 10 février 2020, dite loi anti-gaspillage, exige la généralisation de ce tri à la source d’ici le 1er janvier 2024 pour tous les producteurs de déchets en France (collectivités et administrations, ménages, professionnels, etc.).
Or aujourd’hui, seule 10 % de la population française dispose d’un service de collecte séparée.
Oui, nous sommes en retard, car les solutions demandent des investissements et de l’animation pédagogique. On doit faire émerger un nouveau geste de tri au quotidien et des solutions, notamment pour transporter et emballer ces déchets, c’est là que le groupe SPHERE intervient. Pour rappel, SPHERE est un groupe industriel français et familial, leader européen dans l’emballage ménager, présent dans notre pays à travers 7 usines et quasi 1000 emplois.
Quel rôle le groupe SPHERE peut-il jouer en accompagnement des collectivités afin de développer une stratégie ambitieuse et durable de gestion des biodéchets ?
Nous travaillons déjà avec les collectivités sur le sujet. Vu l’ampleur du défi, nous parlons d’un gisement de 18 millions de tonnes par an pour la production de biodéchets par les ménages, qu’il faudra collecter et traiter en proximité. Nous sommes partants pour aller plus loin dans la collaboration, notamment pour expérimenter des solutions de tri et de collecte – comme nous sommes en train de le faire à Paris, dans quelques arrondissements. Il n’y aura pas qu’une solution. Certains composteront chez eux, mais nous pensons que la majorité des personnes apporteront leur biodéchets dans un point d’apport volontaire proche de leur logement. Nos sacs, en matières biosourcées compostables ou en papier, se doivent donc d’assurer ces services tout en étant non impactants pour l’environnement – en se dégradant durant le compostage sur une plateforme dédiée ou durant le processus de méthanisation. Si vous avez votre sac de biodéchets qui se déchire entre votre domicile et la borne, c’est un problème ! Vous renoncerez et remettrez vos déchets dans la poubelle ordinaire. Il faut donc un produit dédié à cet usage particulier, c’est ce que nous avons développé. Nous sommes aussi à disposition pour travailler à rassurer sur l’impact environnemental de nos produits, car il y a encore beaucoup de questions, parfois savamment entretenues.
Enfin, pourriez-vous revenir sur le projet Minéral mené par SPHERE, en partenariat avec AgroParisTech ?
Pour nous, la transition écologique doit être soutenue par la science. C’est dans cette logique que SPHERE, sous l’égide de l’Association Française des Compostables Biosourcés (AFCB), a participé à un projet d’une ampleur inédite, conduit par la Chaire CoPack portée par la Fondation AgroParisTech. Il consiste à démontrer la compostabilité et la biodégradation complète de nos emballages biosourcés. Les premiers résultats sont très prometteurs, l’étude va entrer en phase de revue critique par des scientifiques indépendants. C’est une étude importante par son ambition, associant de grands industriels au monde de la recherche, elle vient contredire certaines affirmations, notamment sur la persistance des microplastiques dans le compost. C’est le défi qui est devant nous.
Actuellement, certaines collectivités demandent des sacs classiques en polyéthylène, moins chers que les sacs biosourcés ou en papier. À notre avis, elle entraînera avec certitude la présence de microplastiques dans le compost produit avec ces biodéchets. Nous nous permettons d’alerter sur ce risque non négligeable car, derrière la collecte des biodéchets, il y a une logique de retour à la terre sous forme de compost, la qualité sans plastique garantie. D’ailleurs, une récente étude espagnole* montre que des matières plastiques (PE, PVC, polyester) ont été trouvées dans un compost alors qu’aucun résidu de matières biosourcées n’a été trouvé dans l’ensemble des échantillons.
*Source – Study – Microplastics identification and quantification in the composted organic fraction of municipal solid waste, novembre 2021.