Le Haut Conseil pour le Climat, qui est chargé d’évaluer l’action publique en faveur du climat, a rendu le 28 juin son cinquième rapport annuel. Retour sur les principaux enseignements de cette publication intitulée “Acter l’urgence, engager les moyens”.
Terrible bilan de l’année 2022
Le HCC met en exergue une année « exceptionnellement chaude », avec +2,9°C par rapport à la période 1900-1930 selon les données de Météo France et une situation qui risque d’empirer. Les effets du changement climatique se font déjà sentir avec en 2022 près de 7000 décès pendant l’été, 72 000 hectares disparus à cause des incendies, ou bien encore des tensions sur l’approvisionnement en eau potable d’environ 2000 communes.
Le constat est sans appel : la France n’est « pas prête » à faire face au changement climatique.
Une baisse trop lente des émissions de gaz à effets de serre (GES)
Les émissions de GES dans le pays dont diminué de 2,7% dans le pays par rapport à 2021, amenant le niveau total d’émissions à 25% en dessous du niveau de 1990.
Le Haut Conseil pour le Climat constate cependant une augmentation des émissions des GES dans les secteurs de l’énergie (+4,9 %) due à un recours plus important au gaz pour compenser la réduction des productions nucléaire et hydroélectrique. ; également à noter une hausse des émissions dans le secteur des transports (+2,3%).
Si certaines baisses sont à noter comme dans l’industrie (-6,4%) ou le secteur du bâtiment (-14,7%) elles sont en partie explicables selon le HHC par des facteurs conjoncturels notamment un hiver 2022 plus doux, mais aussi les mesures de sobriété mises en œuvre dans le cadre de la crise énergétique.
Alors qu’ils jouent un rôle essentiel dans l’atteinte de la neutralité carbone, le niveau de captation des puits de carbone naturels est en baisse en 2021 (-21,1%) avec parmi les causes une mortalité accrue des arbres, le ralentissement de leur croissance, les prélèvements forestiers, et le stress hydrique des écosystèmes. Sans plan de sauvegarde à la hauteur, ces puits pourraient avoir disparus en 2050 souligne le HCC.
Des recommandations pour accélérer
La France doit doubler son rythme de réduction des émissions de GES, si elle veut tenir les objectifs fixés par le cadre européen « Fit for 55 » (pour rappel, baisse de 55% d’ici 2030 par rapport au niveau d’émissions de 1990), voire le multiplier par 2,5 si l’on prend en compte la dégradation potentielle des puits de carbone.
Parmi les recommandations on retrouve :
- le renforcement des dispositifs pour décarboner les véhicules
- l’accélération du déploiement des énergies renouvelables
- la révision du système d’accompagnement des agriculteurs
- l’accélération de la rénovation des bâtiments.
Le HCC appelle donc à transformer « la politique économique » pour réduire de 80% l’empreinte carbone de la France d’ici 2050. Les auteurs du rapport évaluent à trente milliards d’euros par an les dépenses publiques « nécessaires » pour l’atteinte des objectifs climatiques.
Pour télécharger le rapport cliquez ici