Selon France Stratégie, la baisse des émissions dans le secteur du logement demeure insuffisante en France au regard des objectifs fixés par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). L’insuffisance des dispositifs d’aides, le déficit d’accès à l’information et le manque d’accompagnement des acteurs sont notamment en cause.
Dans un rapport dévoilé le 30 novembre 2022, France Stratégie tente de caractériser les meilleures stratégies de rénovation des logements en se basant sur les coûts d’abattement (c’est-à-dire les coûts rapportés aux émissions évitées). Alors que le secteur résidentiel-tertiaire représente 45 % de la consommation totale d’énergie finale en France et que la SNBC implique des objectifs ambitieux en matière de rénovation énergétique des bâtiments, le logement constitue un secteur clef dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Selon France Stratégie, la baisse des émissions dans le secteur demeure insuffisante en France au regard des objectifs fixés par la SNBC. L’institution pointe notamment du doigt l’insuffisance des dispositifs d’aides, le déficit d’accès à l’information et le manque d’accompagnement des acteurs. Le rapport s’aligne ainsi directement avec le constat déjà dressé en 2020 par le Haut Conseil pour le climat et cite notamment les faiblesses du dispositif MaPrimeRénov’ qui ne soutient pas suffisamment les rénovations globales. De plus, même si le renforcement des moyens financiers du plan de relance et le recours accru à des obligations dans la loi Climat et Résilience contribuent à décarboner le secteur, France Stratégie alerte sur l’insuffisance et le manque d’adaptation de ces dispositifs.
Soulignant aussi l’hétérogénéité des parcs de bâtiments (collectifs, individuels, modes de chauffage, ancienneté des immeubles, etc) et la grande diversité des acteurs impliqués, France Stratégie identifie différents freins organisationnels à l’investissement dans la rénovation : difficultés de coordination dans les copropriétés, manque d’incitation des propriétaires bailleurs, ou encore contraintes de crédits trop élevées pour certains ménages. Dans un référé adressé à la Première Ministre il y a un mois à peine, la Cour des Comptes appelait déjà elle aussi à une meilleure coordination des outils et des acteurs en matière de rénovation énergétique des bâtiments.
Selon France Stratégie, les priorités d’action devraient d’abord concerner la rénovation des logements occupés par des ménages en situation de précarité énergétique. Ces derniers représentent un peu plus de 5 % des logements et un potentiel d’abattement d’environ 5 % des émissions actuelles du secteur résidentiel. Du fait des bénéfices sanitaires associés, la rénovation de ces logements serait en effet socio-économiquement rentable, au-delà même de l’enjeu climatique, c’est-à-dire sans prise en compte d’une valeur du carbone.
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