Le Haut Conseil pour le Climat (HCC), instance indépendante placée auprès de la Première ministre, a remis le 29 juin à Elisabeth Borne son rapport annuel “Neutralité carbone” qui évalue l’action des pouvoirs publics face au changement climatique.
Le rapport alerte donc sur les “risques majeurs” que la France n’atteigne pas ses objectifs de 2030. Pour rappel, une fois transposés les nouveaux objectifs définis au niveau européen, la France doit réduire d’au moins 55% d’ici 2030 ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 contre une réduction de 40% auparavant.
Le HCC note que les émissions de 2021 se situent à un niveau 3,8% en dessous de leur niveau de 2019. Cependant, “il faudrait que la baisse d’émissions soit plus que doublée sur la période qui nous reste jusqu’à 2030 pour atteindre 4,7% de réduction d’émissions chaque année” a rappelé la climatologue Corinne Le Quéré, présidente du HCC, lors de la remise du rapport. Elle a ainsi évoqué la nécessité d’un “sursaut dans l’action climatique”.
A noter une avancée en 2021 : pour la première fois les émissions de tous les grands secteurs sont en baisse.
Mais de réels progrès restent nécessaires :
Si les émissions du secteur agricole respectent pour le moment les budgets carbone fixés par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), “l’objectif de réduction du secteur pourrait doubler avec la prise en compte du paquet européen”.
Dans l’industrie, une accélération est nécessaire afin de respecter les objectifs fixés. Les baisses annuelles doivent dépasser les 2,2 millions de tonnes équivalent CO2 fixés par la SNBC sur 2022-2030. A titre de comparaison, elles ont été en moyenne de 1,8 million de tonnes équivalent CO2 sur 2018-2021.
Concernant le secteur des bâtiments qui représente 18% des émissions nationales, les émissions ont diminué de 1,9 million de tonnes équivalent CO2 par an sur la période du premier budget carbone (2015-2018) mais de seulement 0,2 million de tonnes par an seulement sur la période 2019-2021. La baisse annuelle devra dépasser les 3-4 millions de tonnes équivalent CO2 visés par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) pour la période 2022-2030 afin d’être en accord avec les nouveaux objectifs européens.
Le secteur des transports demeure le premier émetteur de gaz à effets de serre (30%). Pour le HCC, “les réductions annuelles attendues doivent dépasser les 3-4 millions de tonnes équivalent CO2 visés par la SNBC pour anticiper le nouvel objectif -55%. A titre comparatif, les émissions du secteur des transports ont baissé de 0,7 million de tonnes équivalent CO2 par an sur la période du premier budget carbone (2015-2018) et de 4,5 millions de tonnes équivalent CO2 sur la période 2019-2021.
Pour le HCC, la trajectoire pour la décarbonation complète “manque cependant d’approche systémique” et les mesures d’efficacité énergétique et de sobriété énergétique restent “insuffisamment déployées”.
De manière plus globale, sur la dernière décennie les émissions ont diminué de 1,0% par an en moyenne, soit une baisse de 23,1% en 2021 par rapport à 1990. Le HCC qualifie cette trajectoire de réduction, inférieure à la moyenne européenne, de “modeste”.
La future stratégie française énergie climat doit être adoptée l’an prochain. Le modèle énergétique national fera l’objet d’une consultation publique dès cet automne en amont de l’élaboration d’une nouvelle loi de programmation sur l’énergie et le climat qui sera débattue au Parlement au premier semestre 2023.
Lire le rapport du Haut Conseil pour le Climat