Philippe Estèbe, géographe, a démarré la discussion en soulignant que les petites villes ont été particulièrement impactées par la crise économique en raison de la concentration en leur sein d’activités économiques fragiles, notamment industrielles. Mais les petites villes se tournent de plus en plus vers l’économie de consommation et attirent de plus en plus de cadres. Philippe Estèbe constate que nous assistons aujourd’hui à une « métropolisation de proximité » par laquelle se dissocient les lieux de travail et d’habitat.
Pour Marc Abadie, Directeur du réseau et des territoires du groupe Caisse des Dépôts, le sujet de la revitalisation des commerces ne doit pas être isolée des questions développement économique au sens large. La Caisse des Dépôts a accompagné l’Etat sur les démarches centre-bourgs et sur les contrats de ruralité. Selon M. Abadie, la Caisse des Dépôts doit aussi contribuer au développement de l’ingénierie territorial.
Nicolas Soret, Président de la Communauté de Communes du Jovinien, a présenté les défis auxquels sont confrontées la ville de Joigny et son intercommunalité en matière de logement et de revitalisation du centre-ville. Le départ des installations militaires sur une période de 6 mois, dans le cadre de la RGPP, avait déstabilisé le marché du logement à Joigny. Des marchands de sommeil se sont abattus sur le centre-ville. Ils cherchaient les défiscalisations et ont divisé les vieux appartements, les mettant sur le marché dans des conditions exécrables. Avec l’appui de l’APVF, la ville a tenté d’identifier les leviers disponibles pour lutter contre ces pratiques prédatrices. Désormais, un service intercommunal fait des contrôles réguliers. Néanmoins, il y a un problème de moyens. Face au bâti abandonné, l’intercommunalité a mis en place des incitations financières à la rénovation mais ce n’est pas suffisant.
Pour Paul Le Dantec, Directeur des projets réseaux d’initiative publique du groupe Orange, les réseaux internet et mobile sont essentiels pour les usages du quotidien mais aussi pour le télétravail. Les entreprises ont aussi besoin d’un bon réseau, notamment pour attirer des entrepreneurs. Paul Le Dantec a tenu à préciser qu’Orange concentre l’essentiel de ses investissements sur les villes petites et moyennes et que l’opérateur est tout à fait favorable au développement des réseaux d’initiative publique. Mais il précise que la fibre optique n’est pas la seule solution. Un mix technologique, notamment par le biais la modernisation du réseau de cuivre (notamment pour les particuliers) et l’utilisation de satellites, serait nécessaire pour tenir les engagements en matière de couverture.
Nathalie Nieson, Maire de Bourg-de-Péage et Vice-présidente trésorière de l’APVF, constate que la désertification est une problématique qui touche désormais l’ensemble du territoire français (hors Paris et certaines zones touristiques). Pour elle, les petites villes sont des territoires d’avenir car elles offrent une certaine qualité de vie. Mais elle précise que la qualité de vie ce n’est pas uniquement liée l’espace naturel mais aussi les services publics disponibles. A l’APVF nous devons réfléchir collectivement à des solutions pour pouvoir être force de proposition. Selon Nathalie Nieson, les petites villes doivent aussi être des « trublions » en proposant des solutions coercitives face à la problématique de l’installation des médecins, même si pour les professionnels ces solutions demeurent à ce stade inenvisageables.
Françoise Jeanson, Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine déléguée à la santé et à la « silver economy », constate que les professionnels de santé ne veulent plus travailler seuls. Les collectivités doivent donc s’adapter à cette demande en favorisant la coordination entre les professionnels (y compris par le biais du numérique). Elle précise également que les régions sont financeurs des formations sanitaires et sociales et qu’elles soutiennent les entreprises de santé.
Pour Philippe Wahl, Président du groupe La Poste, l’infrastructure classique de la Poste est amenée à se transformer. Il souhaite donc construire de nouvelles infrastructures : numériques mais aussi autour de la présence physique. Le réseau des facteurs et postiers sera désormais mobilisé aussi sur d’autres missions, notamment de lien social pour les personnes âgées. La Poste souhaite également investir dans la « silver economy », notamment par la livraison et l’installation d’équipements de santé.