Pia Imbs, Présidente du Conseil d’administration de l’Agence France Locale- Société Territoriale, Maire de Holtzheim et Présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, répond aux questions de l’APVF.
- Décrivez le rôle et la singularité de l’AFL.
« La singularité de l’AFL réside avant tout dans son modèle : c’est une banque de développement 100% publique, qui a été créée par et pour les collectivités qui en sont les uniques actionnaires, les uniques bénéficiaires et les uniques garantes.
Désireuses de créer un outil financier responsable et durable, les collectivités ont créé un établissement qui porte les valeurs de solidarité et de transparence dans une logique coopérative qui a puisé son inspiration dans les pays nordiques.
Son rôle est simple : fonctionnant en circuit court, l’AFL mutualise les besoins de ses membres pour lever des fonds sur le marché obligataire à des conditions attractives qu’elle redistribue à ses collectivités membres sous forme de prêts bancaires classiques.
L’AFL met aussi à disposition des collectivités son expertise sur différents sujets liés aux finances locales, en particulier à travers la publication d’un baromètre annuel de la santé financière, mais aussi au décryptage de l’actualité macro-économique ou encore des sujets thématiques comme le financement de la transition écologique ».
- Comment l’AFL accompagne-t-elle la relance économique dans les territoires ?
« L’AFL accompagne les territoires à travers trois leviers importants.
Le premier est celui du soutien financier à travers son offre de prêts. L’AFL a ouvert dès le mois d’avril 2020 une enveloppe d’1,5 milliard d’euros pour appuyer la relance économique dans les territoires et accompagner au mieux les collectivités face aux incertitudes (dépenses imprévues, recettes en baisse, reports d’investissements…). L’AFL a été présente avec 1 milliard d’euros de prêts sur la seule année 2020.
Le second, c’est le déploiement d’un dispositif de financement durable, à travers une méthodologie particulièrement innovante. L’AFL analyse les nomenclatures budgétaires des collectivités pour identifier des dépenses « sociales » et « environnementales » (environ 40% des dépenses d’investissement). L’AFL répertorie ensuite ces dépenses dans différentes catégories correspondant à des objectifs de développement durable de l’ONU. Ce dispositif novateur a deux avantages importants : d’une part, il permet à tous les types de collectivités, y compris les petites villes (à partir de 3 500 habitants) d’avoir accès au financement durable, ce qui n’est pas le cas dans la plupart des banques et d’autre part, il permet d’y accéder sans contrainte opérationnelle pour elles (structuration, remontée d’informations sur les projets…).
Enfin, le troisième est le soutien en termes d’ingénierie financière qui est proposé par l’AFL. Partenaire de l’ANCT, l’AFL est de ce fait partie-prenante des programmes nationaux tels que « Petite ville de demain » pour accompagner les collectivités dans leurs investissements mais aussi des contrats de relance et de transition écologique pilotés par l’Etat. »
- L’AFL perçoit-elle une évolution des besoins de financement des petites villes depuis le début de la crise ?
« Nous savons que l’impact de la crise a été fort sur les finances locales (moins 3,8 milliards au total environ) tout en étant assez disparate (les communes touristiques et de montagne sont plus fortement impactées que les autres). Concernant les petites villes en particulier, la capacité d’autofinancement des communes de plus de 3 500 habitants a baissé de plus de 10% en 2020, tout comme les budgets d’investissement. Mais nous les savons résilientes et le recours à l’emprunt est resté stable en 2020. Cela a permis d’une part, de restaurer les capacités de trésorerie, et d’autre part, assurer la pérennité financière d’investissements souvent décalés dans le temps.
Les besoins de financement des petites villes demeurent aujourd’hui importants, elles sont en première ligne du plan de relance économique de 100 milliards d’euros annoncé. Celui-ci laisse pour l’instant place à des incertitudes car son déploiement n’est pas territorialisé d’une part et les crédits n’arrivent pas dans les caisses des collectivités d’autre part. Pour assurer le dynamisme de leur territoire, les petites villes savent qu’il est plus que jamais important de maintenir leur autonomie financière, dans laquelle l’emprunt constitue un effet levier important ».