Valérie Mancret-Taylor, Directrice général de l’ANAH, partenaire du programme petites villes de demain, répond à notre 3 ? A.
Quels sont selon vous les grands enjeux des petites villes en matière de logement ?
Proposer des logements de qualité, à un coût abordable, est un formidable facteur de qualité de vie, d’attractivité et de revitalisation pour les petites villes. Le patrimoine du bâti que l’on peut trouver dans les centres anciens est un véritable atout, qu’il convient d’exploiter en favorisant les travaux d’amélioration de l’habitat. L’enjeu principal est donc d’accompagner les collectivités pour intervenir efficacement sur le parc de logements privés et en faire une partie intégrante de leur projet urbain, car les défis sont nombreux en matière d’habitat privé dans ces petites villes.
Le premier défi concerne la vacance des logements, phénomène malheureusement souvent récurrent dans ces territoires, et véritable marqueur de la fragilité résidentielle. Le deuxième est celui de la qualité de l’habitat, puisque les logements indignes y sont très souvent surreprésentés (le taux de parc privé potentiellement indigne s’y élève à 6,9 %, contre 2,5 % à l’échelle nationale) et que l’âge moyen du parc de logements y est plus élevé, avec notamment un décalage aux normes de confort actuelles. Enfin, le dernier défi concerne directement les populations résidentes, souvent plus âgées et modestes, et qui ont donc besoin d’être accompagnées et soutenues dans la définition et la réalisation de leur projet de travaux.
Dans quelle mesure le programme Petites villes de demain y répond ?
A l’image du programme Action cœur de ville, Petites villes de demain est un programme intégrateur, qui offre aux collectivités la possibilité de mener des actions portant sur plusieurs secteurs : l’habitat, mais aussi les commerces, le cadre de vie, les activités et l’emploi, la culture et le patrimoine.
Les défis auxquels font face ces villes et la transformation nécessaire de ces espaces nécessitent en effet une approche globale et des interventions sur-mesure, que permet le programme Petites villes de demain. Les villes lauréates devront ainsi signer, sous dix-huit mois, une convention d’opération de revitalisation de territoire qui, au-delà du volet habitat obligatoire, devra par ailleurs intégrer un projet urbain multithématique. Cette pluralité d’actions sera gage de réussite pour créer un cadre de vie attractif, propice au développement à long terme du territoire et à ses habitants.
A ce jour, 1600 villes sont lauréates du dispositif et pourront ainsi bénéficier de ces leviers de transformation.
Quel est le rôle de l’Anah dans ce programme ?
L’Anah accompagnera les collectivités lauréates dans le cadre de ces actions et dispositifs de droit commun. Elle cofinancera notamment, avec la Banque des Territoires, les chefs de projet des collectivités qui s’engageront – ou qui sont déjà engagées – dans une opération programmée complexe (opération programmée d’amélioration de l’habitat (Opah) classique ou Opah pour les copropriétés dégradées). L’Agence participera également au financement de l’ingénierie dans toutes ses dimensions (études, assistance à maîtrise d’ouvrage).
Enfin, elle accompagnera les travaux, en subventionnant les propriétaires et les syndicats de copropriétaires, mais aussi les bénéficiaires des dispositifs innovants et expérimentaux qu’elle a récemment mis en œuvre au service de la requalification des centres villes et de l’attractivité du marché de l’habitat dans ces territoires. Il s’agit des dispositifs de vente d’immeuble à rénover (VIR) et d’intervention immobilière et foncière (DIIF), et des expérimentations portant sur les rénovations de façade et sur les transformations d’usage des rez-de-chaussée inactifs, qui visent à redonner de l’utilité à ces locaux au bénéfice de l’ensemble de la copropriété.
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