Dans l’ensemble, Maryvonne Boquet a rappelé que les maires tiraient un bilan mitigé de l’application de la réforme des rythmes scolaires. L’enquête interne effectuée dans le cadre du Manifeste montrait ainsi qu’environ 50% des maires des petites villes souhaitaient revenir à la semaine à quatre jours.
L’une des principales explications est que la réforme des rythmes scolaires a constitué un poids important pour les communes, principalement en termes de financement et de mobilisation des services. Ainsi, en moyenne, à partir des montants indiqués par différentes communes adhérentes à l’APVF, la réforme a eu un coût de 130 € par enfant par commune, hors financement par le fonds de soutien (50€ par enfant) et crédits supplémentaires (40€ par élèves et par an pour les seules communes éligibles à la dotation de solidarité urbaine et de cohésion sociale (DSU) dite « cible » ou la dotation de solidarité rurale (DSR) dite « cible », ainsi que dans les DOM) et aides de la CAF. La maîtrise du coût pour les petites communes s’explique par la capacité des maires et des équipes municipales à mobiliser le tissu associatif et l’ensemble des ressources de leur ville. A Monteux (Vaucluse), par exemple, le coût a pu être limité grâce à la mise de salles et d’équipements pour les associations, notamment sportives et culturelles, en échange de leur participation aux activités des rythmes scolaires.
Toutefois, comme les autres associations d’élus, l’APVF estime que le coût réel de la réforme reste difficile à calculer puisque chaque commune n’inclut pas les mêmes éléments. Le minimum est celui du matériel et le coût de l’engagement des animateurs. D’autres coûts sont ensuite, ou pas, ajoutés : coût d’aménagement des établissements, coûts supplémentaires de maintenance, etc.
Maryvonne Boquet a également rappelé que si bon nombre de difficultés initiales ont été surmontées dans de nombreuses communes par le volontarisme des maires, les causes structurelles restent d’actualité. Elles tenaient principalement aux éléments suivants : disponibilité des infrastructures, notamment sportives et culturelles, densité du tissu associatif, diversification et qualité des activités, organisation de celles-ci afin de limiter la fatigue des enfants, question du transport scolaire dans les territoires ruraux. En matière pédagogique, il apparaît que la réforme est plus satisfaisante en matière d’écoles élémentaires que d’écoles maternelles. Dans ce domaine, plusieurs sujets ont été régulièrement évoqués par les élus, notamment la question du temps de sieste et de la multiplicité des intervenants pour les communes qui distinguent les NAP des autres activités périscolaires.
Malgré ces difficultés, les maires des petites villes ont fait le choix de concentrer leur énergie pour mettre en œuvre des activités de qualité et surtout diversifiées. 75% des petites villes ont mis en place un projet éducatif territorial (PEDT) en mars 2016. Une moitié d’entre elles estiment que les rythmes scolaires ont été profitables aux écoliers, et notamment à ceux qui n’avaient que peu d’accès aux activités culturelles et sportives en dehors de l’école.
De nombreuses petites villes ont réussi, malgré les conditions difficiles, à mettre en place des activités de qualité et diversifiées. A titre d’exemple, à Hendaye (Pyrénées-atlantiques), il y a des activités culturelles, sportives (pelote, basket, gymnastique, danse, rugby avec le club local), de chant, de musique, de dessin (projet avec l’association de peinture locale), et une activité de radio en langue basque.
Ceci a nécessité un investissement très important de leur part et une mobilisation locale qui va au-delà des services municipaux. A titre d’exemple, à Dourdan, il a été nécessaire d’engager 23 animateurs, 9 intervenants pour l’encadrement d’activités spécifiques (langues des signes, rugby, capoeira, danse hip hop, basket…), 5 enseignants et d’organiser différemment le temps de travail des 8 ATSEM pour y intégrer les TAE.