Jean-Paul Guihaumé, Délégué pour l’Action Extérieure des Collectivités Territoriales (AECT), soit l’ensemble des projets de coopération, de quelque nature qu’ils soient, menés par les collectivités territoriales françaises ultramarines et métropolitaines, avec des autorités locales étrangères, répond aux questions de l’APVF.
La coopération décentralisée est parfois mal connue des maires, pourriez-vous nous expliquer en quoi elle consiste ?
La coopération décentralisée désigne l’ensemble des actions et des projets menés par les collectivités territoriales françaises en lien avec des collectivités territoriales étrangères. Elles peuvent être liées par un jumelage, une convention de coopération mais cela n’est pas obligatoire. Les collectivités territoriales peuvent intervenir dans tous les domaines de l’action publique locale, hors compétences régaliennes et à condition de respecter les engagements internationaux de la France. Cette « diplomatie des territoires » est depuis plus de 30 ans reconnue par la loi, et est considérée comme contribuant à développer l’influence française dans le monde, et, au bénéfice des collectivités, le partage de bonnes expériences.
La Délégation pour l’Action Extérieure des Collectivités Territoriales (DAECT) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères appuie, conseille et soutient financièrement les initiatives des collectivités territoriales françaises à l’étranger. La DAECT participe à la promotion de la coopération décentralisée et anime le dialogue entre les collectivités territoriales françaises et l’état, à travers la Commission Nationale de la Coopération Décentralisée (CNCD). Elle travaille également étroitement avec l’Agence Française de Développement (AFD).
Quels bénéfices les communes françaises peuvent-elles tirer de cette coopération ?
La coopération décentralisée est avant tout une manière d’ouvrir sur le monde son territoire Elle permet en effet de fédérer de nombreux partenaires autour des élus locaux : lycées professionnels, centres de recherche, acteurs économiques… C’est une manière de faire de la solidarité internationale, de contribuer au développement et répondre aux enjeux globaux, tels que présentés dans les Objectifs de Développement Durable (ODD). Elle contribue à valoriser l’expertise des collectivités françaises, portée par ses élus ou les agents publics. C’est aussi un outil de rayonnement et d’attractivité du territoire.
La coopération décentralisée est réciproque : les collectivités territoriales françaises apprennent beaucoup au contact de leurs partenaires étrangers et développent un regard différent, enrichi, sur leurs politiques locales. Certains domaines sont très propices à de tels échanges comme par exemple la lutte contre le changement climatique.
De nombreux programmes de soutien existent, notamment les appels à projets de la DAECT, pour venir en aide aux collectivités territoriales, sans nécessiter de leur part un effort financier trop lourd.
Quel rôle peut avoir la coopération décentralisée à l’heure de la guerre en Ukraine ?
La mobilisation spontanée et exceptionnelle des collectivités territoriales françaises dès les premiers jours de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine témoigne de la détermination des élus locaux. En 2022, plus de 1 800 collectivités ont contribué au Fonds d’action extérieure des collectivités territoriales (FACECO) du ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères pour un montant de 11,2 millions d’euros.
Cet élan de solidarité, pour s’inscrire dans la durée et participer pleinement à la reconstruction du pays, doit être incarné par des projets de coopération décentralisée concrets, de collectivité à collectivité. Ce type de projets soutenus par la DAECT peut par exemple prendre la forme d’un renforcement de capacités par des visites d’études en France sur des thématiques d’intérêts commun comme l’eau et l’assainissement, ou encore l’efficacité énergétique. En 2024, la DAECT revoit à la hausse ses taux de cofinancement maximum des projets pour soutenir l’action extérieure des collectivités territoriales françaises. Ainsi, ce soutien pourra représenter jusqu’à 70% du budget total d’un projet mené avec l’Ukraine.