François Schmitt, Président de Groupama, partenaire de l’APVF, répond aux 3 questions de l’APVF sur l’assurabilité des communes.
1. En tant qu’assureur historique des collectivités locales, pourriez-vous préciser comment Groupama accompagne les maires des petites villes pour la gestion du quotidien dans leur commune mais aussi lors des moments de crises ?
Groupama, au travers de ses caisses régionales, accompagne près de 20 000 collectivités, principalement des communes de la taille des membres de l’APVF ou plus petites. Nous travaillons surtout en gré à gré en construisant une offre personnalisée et adaptée au profil de risque de chaque collectivité.
Notre plus-value tient à notre réseau dense de conseillers, capables d’accompagner les élus et leurs équipes pour rédiger un plan communal de sauvegarde, ou pour identifier la meilleure couverture par rapport au profil de risque de la commune. Cette méthode de travail en appui des communes est aussi celle que nous adoptons au moment des sinistres. Nous proposons un service de gestion de crise et un suivi dans la durée jusqu’à résolution des difficultés.
Groupama est un assureur mutualiste ancré dans les territoires. Nous sommes particulièrement attachés à notre rôle d’accompagnement des collectivités et à la qualité de service que nous leur délivrons car nous savons qu’elles sont en première ligne pour répondre aux besoins des populations.
2. De plus en plus de maires de petites villes rencontrent des difficultés pour souscrire à une assurance dans leur commune. Quelles sont les causes de cette situation selon vous ? Des dispositifs sont-ils prévus afin de remédier à ces difficultés ?
Le marché de l’assurance des collectivités, y compris pour les petites villes, est devenu fragile avec plus de sinistralité, moins d’acteurs et des cotisations relativement contenues.
Les catastrophes naturelles toujours plus régulières et intenses frappent également les collectivités. On observe un triplement du coût des sinistres climatiques sur la période 2018-2022 en comparaison à la période 2013-2017. En 2022, la grêle a causé des dommages considérables jamais constatés auparavant. Jusqu’à 7,5M€ de dommages chez une de nos collectivités assurées ! Le risque cyber est de plus en plus prégnant. Le vandalisme, surtout en milieu urbain, s’est aggravé, en témoignent les émeutes de cet été. L’augmentation des primes d’assurance est la conséquence inévitable de cette forte aggravation de la sinistralité ces dernières années.
Toutefois, cela ne peut pas être la seule réponse et une meilleure prévention est essentielle. Il est nécessaire de réduire la vulnérabilité des installations électriques dans les bâtiments des collectivités. Je pense aussi à la fréquence élevée de petits sinistres pour défaut d’entretien des voiries. Ces efforts, parfois minimes, peuvent avoir des résultats importants sur la baisse de la sinistralité.
3. Au-delà des dommages liés aux récentes émeutes urbaines, les petites villes font également face à une multiplication des risques (ex : aléas climatiques, risques cyber, etc.) Pour faire face à cette situation, quels seraient, selon vous, les mécanismes que l’Etat pourrait mettre en place afin de garantir aux collectivités la capacité de s’assurer ?
L’Etat est conscient des difficultés que rencontrent aujourd’hui les collectivités territoriales. C’est pourquoi le Gouvernement a décidé de lancer une mission sur l’assurabilité des collectivités confiée au maire de Vesoul, Alain Chrétien, et à mon prédécesseur, l’ancien président de Groupama et ancien maire de Poyartin dans les Landes, Jean-Yves Dagès.
Les pistes à étudier sont nombreuses. Je mentionnerai en particulier que l’État doit pouvoir mieux accompagner les collectivités à prévenir leurs risques, notamment en matière de GEMAPI. Les plans de prévention des risques doivent être régulièrement mis à jour pour tenir compte du changement climatique qui est à l’œuvre. L’Etat pourrait aussi renforcer la solvabilité des communes les plus affectées par les sinistres climatiques en créant des mécanismes de solidarité nationale en faveur des communes les plus à risque.
Mais l’Etat n’est pas le seul concerné. Ainsi, par exemple, les modalités des appels d’offres destinés à sélectionner un assureur sont, dans le nouveau contexte de forts risques de ces dernières années, des dispositifs inadaptés car ils ne nous permettent pas d’estimer correctement le risque et donc de le tarifer.
Cette mission est donc très importante pour nous éclairer sur les orientations nécessaires pour améliorer la couverture des risques de toutes les collectivités. Groupama, 1er assureur des collectivités et de l’agriculture, qui a été très présent lors de la réforme de l’assurance des récoltes en 2022, est d’ores et déjà mobilisé pour contribuer aux travaux initiés par le Gouvernement.