Christophe Lasnier, Directeur Général Adjoint en charge des équipes conseil SCET, présente cette semaine le groupe de conseil public, filiale de la Caisse des Dépôts.
1) Le groupe SCET, filiale de la Caisse des Dépôts, est une structure de conseil à 100% public. Qu’est-ce qui la distingue dans l’écosystème des cabinets de conseil auxquels les maires des petites villes peuvent avoir accès ?
Trois éléments nous distinguent des autres cabinets de conseil auxquels les maires peuvent avoir accès.
Le premier élément est notre raison d’être et notre ADN profondément ancrés au service de l’intérêt général depuis 1955. Le Groupe SCET étant une filiale à 100% de la Caisse des Dépôts et directement rattaché à la Banque des Territoires, nous attachons une grande importance à l’intérêt général dans la conduite de nos missions.
Le second élément est le souci d’être opérationnel : notre préoccupation quand nous intervenons est de transformer l’idée des élus en un projet concret, finançable et financé qui soit mis en œuvre sur le territoire.
Enfin, le troisième élément est une très forte présence locale, au plus près du terrain. Nous disposons de six hubs régionaux, de douze directeurs territoriaux, et avons plus de 350 entreprises publiques locales (EPL) qui sont adhérents à notre réseau. Cette proximité nous permet d’intervenir à toutes les échelles territoriales, de mesurer les besoins, d’évaluer les enjeux politiques, économiques, environnementaux, sociaux et d’identifier les vecteurs de transformation de chaque territoire.
2) La question des ressources en ingénierie des petites villes est désormais sur la table depuis quelques années, notamment au travers du programme Petites Villes de Demain. Observez-vous un changement de culture auprès des élus ? Cela a-t-il modifié l’accompagnement proposé par la SCET ?
Vous avez tout à fait raison : la question des ressources en ingénierie des territoires, en particulier des petites villes, est un vrai sujet pour le développement de nos territoires. Dans une France de plus en plus polarisée entre les territoires métropolitains et les autres, de nombreuses zones sont peu pourvues en compétences qualifiées, pour mener des projets de plus en plus complexes : aménagement, logement, zones d’activité du futur, immobilier d’entreprise nouvelle génération, transition environnementale, nouvelles mobilités, revitalisation des centres-villes, … autant d’enjeux qui exigent des expertises de plus en plus pointues et une capacité à piloter des projets complexes et multi acteurs.
Face à ces nouveaux défis, les collectivités locales, dont seuls 8,4 % des effectifs sont des cadres et professions intellectuelles, peuvent rapidement se trouver démunies et les territoires ne sont pas égaux entre eux.
Il existe progressivement un changement de culture des élus sur le fait de se faire appuyer pour conduire des projets complexes de développement, d’aménagement ou de transition environnementale, par exemple avec la mobilisation d’un expert à mi-temps pendant 6 ou 12 mois, mais le chemin à parcourir est encore long pour adopter ce type de démarche. Nous essayons de notre côté, modestement, de répondre à ce besoin en ingénierie des élus et des territoires.
3) L’adoption de l’objectif ZAN (« zéro artificialisation nette »), avec la loi Climat et résilience, suscite l’inquiétude chez de nombreux élus. Comment les accompagnez-vous dans leur démarche de sobriété foncière ?
L’anticipation et la mise en œuvre du ZAN constitue l’un des sujets qui mobilise fortement nos équipes actuellement. Notre recommandation aux élus tient en un mot : Anticipez. N’attendez pas de savoir ce qui va changer ou ne va pas changer.
Anticiper la lame de fond qui va être une réduction drastique du foncier mobilisable sur vos territoires. Prenez le temps d’arbitrer pour savoir si les derniers espaces « consommables » doivent être priorisés pour l’activité ou pour le développement résidentiel. Pensez votre stratégie foncière pour éviter que ce qui rapporte ne quitte le territoire et qu’il ne vous reste sur les bras que des projets économiquement difficiles à sortir.
Notre ressenti sur le terrain est que les élus et les techniciens sont favorables sur le principe à la sobriété foncière et aux enjeux de transition environnementale. Mais le point central est que le ZAN ne sera acceptable et accepté que si chaque territoire dans chaque contexte aura l’impression de pouvoir construire un projet de territoire au sein de ce nouveau cadre réglementaire.
Sur ce sujet, nos équipes sont en cours de rédaction de la deuxième édition de notre livre blanc sur le ZAN qui sortira à l’automne 2023. Une enquête nationale est en cours de réalisation dans ce cadre pour recueillir les perceptions et attentes des territoires.