Christophe Bouillon : “les lignes d’autocar pour les Petites Villes doivent se penser de manière multimodale”

6 avril 2023

Dans le cadre d’une journée débat organisée le 05 avril par l’association Trans.Cité, le Président de l’APVF, Christophe Bouillon, est intervenu à une table-ronde sur les « lignes d’autocar express et à haut niveau de service : des réponses au service des habitants et des territoires ». Retour sur cet évènement qui a permis d’échanger sur les enjeux des autocars comme leviers de mobilité pour les habitants des Petites Villes…

Accessibilité des lignes d’autobus, facilitation de la multimodalité ou encore enjeu de la gouvernance : autant de sujets qui ont été abordés par Christophe Bouillon aux côtés de François Durovray, Président du Conseil départemental de l’Essonne, d’Arnaud Catherine, Vice-président chargé des mobilités de la Communauté d’agglomération du Cotentin et de Pierre-Yves Appert, Adjoint à la sous-direction de la Multimodalité, Innovation, Numérique et Territoires de la DGITM.

 

Répondre aux urgences environnementale, sociale et territoriale

Le constat a été partagé par tous les participants : le manque actuel de dessertes et d’alternatives au tout-voiture pour les habitants des Petites Villes relève d’une triple urgence, à la fois environnementale, sociale et territoriale.

Particulièrement dépendants de la voiture, les habitants des Petites Villes doivent faire face à des dépenses contraintes de transport très fortes et à des possibilités de reports modaux pour accéder aux centres urbains plus faibles.

Comme l’a souligné Christophe Bouillon : un ménage qui réside dans une aire de moins de 50 000 habitants parcourt plus de 20 000 km par an en moyenne, contre seulement 8 000 km pour un ménage résidant dans une aire de 200 000 habitants. Reprenant les propos d’André Broto lors des dernières Assises de l’APVF à Dinan en 2022 : « trop souvent dans les Petites Villes, le mythe c’est la proximité, la réalité, c’est la distance », le Président a rappelé que l’amélioration de la mobilité constituait la deuxième priorité d’action pour les habitants des Petites Villes de Demain, derrière l’offre de soin.

Ainsi, de par leur flexibilité, leur rapidité de déploiement et leur coût moindre, les lignes d’autocar peuvent, dans certains territoires, constituer des alternatives crédibles au tout voiture pour les habitants des Petites Villes. Il convient donc de faciliter leur déploiement, en développant notamment les voies réservées et en renforçant l’accessibilité de l’offre existante.

 

Lignes d’autobus et multimodalité : un défi clef pour les Petites Villes

Cependant, pour être des solutions de mobilité réellement efficaces pour les Petites Villes, les lignes de bus doivent se penser de manière multimodale.

Face aux défis du financement et des coûts élevés des infrastructures, il est essentiel de jouer sur la complémentarité des transports : car express, solutions ferrées, mobilités partagées, etc. Il faut utiliser tous les modes, les faire dialoguer et les conjuguer.

Pour cela, il semble donc nécessaire de développer davantage les liaisons et les parcs de rabattement ainsi que les parcs relais à proximité des gares de transports collectifs, aujourd’hui souvent sous capacitaires.

 

Gouvernance : la nécessité d’embarquer tous les acteurs à bord

A l’heure où les contrats opérationnels de mobilité peine à voir le jour, la construction d’une offre de transport doit également se faire sur les bonnes échelles et en dialoguant avec tous les acteurs : usagers, AOM, régions, départements, intercommunalités, communes, etc.

Ces trente dernières années, les investissements pour les services de transports collectifs se sont surtout développés dans le cœur des métropoles et des communautés urbaines, au détriment des périphéries. Or, c’est bien dans les liaisons centres-périphéries, entre périphéries, entre Petites Villes et grandes villes que le enjeux sont les plus importants et que le report modal de la voiture individuelle vers des solutions plus vertueuses peut progresser.

Pour Christophe Bouillon, il est donc essentiel de renforcer la coopération et le dialogue entre les métropoles et les collectivités de périphérie. Il ne faut pas oublier que la résilience des métropoles passe aussi par la revitalisation de l’ensemble du territoire : cela est clef lorsque l’on sait que 25% à 30% des emplois des agglomérations sont occupés par des personnes qui n’y habitent pas.

Ces enjeux sont encore plus cruciaux à l’heure où le déploiement des ZFE-m suscite des inquiétudes pour les élus et les habitants des Petites Villes, sujet suivi avec attention par l’APVF.

 

Téléchargez le livret Transdev/APVF “Lignes d’autocar : au service de la mobilité des Petites Villes”