Dans le cadre de ses vœux du vendredi 6 janvier, le Président de la République a dessiné les contours d’un nouveau plan pour le système de santé français. Si certaines annonces vont dans le bon sens, elles doivent cependant être suivies d’actions concrètes. En outre, plusieurs leviers d’action demeurent inexploités afin de relever le défi majeur constitué par l’accès aux soins et la réorganisation nécessaire du système de santé.
1. Pour la fin 2023, l’objectif affiché par le Président est de proposer un médecin traitant aux 600 000 patients avec une maladie chronique.
2. Emmanuel Macron a promis d’« accélérer le recrutement des assistants médicaux » créés en 2018 pour en augmenter le nombre de « près de 4 000 » aujourd’hui à « 10 000 d’ici la fin » 2024
Sur ces deux propositions que l’APVF accueille favorablement sur leur principe, la question des moyens mis sur la table pour en permettre la déclinaison opérationnelle se pose cependant. Concernant l’accès à un médecin traitant, l’APVF est favorable à la mise en place d’un système dit de “conventionnement sélectif” comme cela est proposé dans une proposition de loi transpartisane défendue par une quarantaine de députés, pour laquelle Christophe Bouillon, Président de l’APVF et Maire de Barentin, avait été auditionné à l’Assemblée nationale.
3. Emmanuel Macron défend une réorganisation du travail à l’hôpital « d’ici au 1er juin » pour le rendre plus attractif. évoquant une « hyperrigidité » dans l’application des 35 heures et un système qui « ne marche qu’avec des heures supplémentaires ».
L’APVF souligne que, de manière plus structurelle, il est nécessaire de fortement renforcer les délégations de compétences envers l’ensemble des professionnels de santé. Cette réorganisation de l’offre de soins avec un rôle accru des paramédicaux ne peut se faire sans une nécessaire revalorisation de l’attractivité de ces professions que ce soit d’un point de vue salarial ou de l’évolution dans les carrières.
L’APVF avait ainsi accueilli favorablement l’accord trouvé au mois d’octobre 2022 par le Comité de Liaison des Institutions Ordinales (CLIO), qui réunit les différents ordres de professionnels, qui avait rendu public ses propositions communes pour “améliorer l’accès aux soins grâce à l’interprofessionnalité”. Pour rappel, cet accord admet que dans le cas où un patient n’a pas de médecin traitant, les autres professionnels de santé, tels que les infirmiers, kinés, sages-femmes, etc. doivent pouvoir, , assurer une première prise en charge et orienter le patient dans le système de santé.
A cet égard, la proposition de loi “portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé” de la députée Stéphanie Rist (Renaissance), dont l’examen est en cours à l’Assemblée nationale, va dans le bon sens.
4. A été annoncée la « sortie de la tarification à l’acte » à l’hôpital dès le prochain budget de la Sécurité sociale, au profit d’un financement sur « objectifs de santé publique ». Si la sortie, déjà en partie entamée du système de financement fondé sur la tarification à l’acte, est une bonne chose notamment pour les hôpitaux de petites villes pénalisés par ce système, l’APVF sera particulièrement vigilante aux modalités de définition des ‘”objectifs de santé publique” et leurs implications précises sur le fonctionnement des établissements.
De manière plus générale, l’articulation de l’ensemble de ces annonces avec les conclusions qui émergeront du CNR Santé constituera un point de vigilance pour l’APVF.