L’Association des Petites Villes de France a pris connaissance du projet de loi « 4D » dans sa version définitivement adoptée en première lecture au Sénat. Ce texte a été certes enrichi par les sénateurs, mais les changements apportés demeurent encore bien timides au regard des enjeux de proximité et d’agilité mis en lumière par la crise sanitaire, économique et sociale que nous traversons.
Adapter les compétences aux réalités du terrain : l’article premier du projet de loi donne une définition a minima de la différenciation, voire en dénature le sens. En l’état du texte, les règles relatives à l’attribution et à l’exercice des compétences applicables à une catégorie de collectivités doivent simplement tenir compte des différences de situation. Mais cette définition n’est-elle pas une simple émanation du principe d’égalité ? Bien que l’APVF salue certaines mesures votées par le Sénat, telles l’octroi aux régions et aux départements de la faculté de proposer une modification législative et réglementaire de ces règles, ou encore les transferts de compétences facultatives « à la carte », il faut aller plus loin dans l’adaptation des collectivités territoriales aux réalités du terrain en consacrant un véritable droit constitutionnel à la différenciation dont les conditions doivent être définies par une loi organique. En outre, la crise sanitaire a démontré que le besoin de différenciation n’est pas que géographique, il peut être également temporel : des dérogations provisoires au droit commun pourraient être admises lorsque survient une crise particulièrement grave. Ainsi, une compétence d’aide directe aux entreprises temporaire devrait pouvoir être accordée aux collectivités du bloc local.
Simplifier l’action publique locale : le projet de loi prévoit une extension du pouvoir réglementaire du maire limitée, relativement complétée par le Sénat dans les domaines de la santé, du commerce de proximité, de la culture et des transports. L’APVF regrette que des marges de souplesse n’aient pas été accordées en matière environnementale et urbanistique, où de nombreux freins à l’efficacité de l’action publique locale subsistent.
Renforcer le poids des élus locaux dans la prise de décision : les leçons de la crise sanitaire ne peuvent être tirées qu’en remettant au centre l’élu local, en coordination avec les services déconcentrés de l’Etat et, en renforçant les instances de dialogue entre élus locaux. L’avancée la plus déterminante a été obtenue sur ce terrain, avec la co-présidence des futurs conseils d’administration des Agences Régionales de Santé (ARS) par le préfet de région et le président du Conseil régional. Mais, pour l’APVF, cette évolution bienvenue est encore très insuffisante pour corriger les nombreux dysfonctionnements mis en lumière ces derniers mois. D’autres pistes doivent être envisagées, comme la création, dans chaque département, d’un délégué territorial au sein de l’Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) qui deviendrait le point d’appui de l’agence pour la déclinaison locale de ses programmes, et le renforcement des instances de dialogue entre élus locaux (conférences territoriales de l’action publique, conférence des maires).
Donner du souffle à la décentralisation : face au besoin de proximité, tout l’enjeu est d’assurer de réels transferts de compétence accompagnés de moyens financiers ou sans alourdissement de charges pour les collectivités. Prises en étau depuis une dizaine d’années, elles ne disposent plus de marges financières suffisantes pour assumer de nouvelles compétences. L’APVF attendait beaucoup de l’examen au Sénat pour réaffirmer l’autonomie financière et fiscale locale, même à droit constitutionnel constant, et la compétence des maires partout où leur action de proximité est attendue : santé, transport, écologie et logement. Sur ce dernier plan, des évolutions utiles ont été apportées concernant le dispositif SRU, permettant de prendre en compte plus finement les spécificités locales et les difficultés propres à chaque territoire. Mais, le texte manque encore de corps pour répondre à ces enjeux et ces nouveaux défis : la désertification médicale, l’enclavement territorial et numérique, la revitalisation des centres-villes sont autant de sujets qui mériteraient une place plus centrale dans un projet de loi consacré à la décentralisation.
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