Appliqué depuis le 9 juin pour les rassemblements de plus de mille personnes, et, depuis le 9 juillet, dans les discothèques, le “pass sanitaire” concernera, à partir du 21 juillet, tous les lieux de loisirs et de culture accueillant plus de 50 personnes âgées de plus de 12 ans. Une nouvelle disposition annoncée par le président de la République lors de son allocution télévisée du 12 juillet.
Pour entrer dans ces ERP et participer à ces rassemblements (festivals, musées, théâtres, salles de concert, bibliothèques etc.), ou pour y travailler, il faudra donc disposer d’une attestation de vaccination complète (2 doses de plus de 15 jours) ou d’un test PCR ou antigénique négatif de moins de 48 heures.
Hormis quelques petits établissements en milieu rural qui connaissent une faible fréquentation, la plupart des lieux culturels entrent de plain-pied dans le périmètre de cette nouvelle mesure. Une mauvaise nouvelle pour les professionnels de la culture, qui entamaient tout juste leur première saison estivale presque normale depuis le début de la pandémie. Outre la précipitation du calendrier d’application, l’absence de concertation préalable fait grincer des dents les professionnels de la culture.
Alors que le 11 juillet, l’extension du passe sanitaire n’étaient encore qu’une hypothèse, le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) était déjà monté au créneau pour demander au gouvernement d’écarter une mesure constituant « un nouveau coup d’arrêt au secteur culturel qui a déjà été particulièrement mis à mal par les décisions antérieures ». Et de dénoncer à nouveau « ‘l’exception culturelle’ à contre sens, que met en œuvre ce gouvernement ». « Pour les lieux culturels, la mise en œuvre du passe sanitaire commence dès le 21 juillet, neuf jours avant les autres secteurs. Cela tombe pendant le festival d’Avignon », renchérit-on au Syndicat national des scènes publiques SNSP).
A ce stade, le dispositif tel qu’annoncé par Emmanuel Macron ne fait aucune distinction entre les différentes situations et la taille des équipements. En bibliothèque, il y a le public qui circule, et celui qui séjourne pour lire, travailler… Il y a donc différents usages. De surcroît, la surface et la fréquentation des bibliothèques sont extrêmement divers.
Outre le personnel en nombre suffisant pour assurer les contrôles, les responsables d’équipement doivent se doter de lecteurs de QR codes, ce qui créera des complications pour certains établissements culturels, qui plus est dans une période où beaucoup d’agents prennent des vacances.
Par ailleurs, nul ne sait comment les responsables d’équipement devront traiter les cas d’agents ou salariés rétifs à la vaccination. Le problème ne se pose pas pour les artistes invités, déjà vaccinés dans leur immense majorité, parce qu’ils ont l’habitude de franchir les frontières. Et cette condition figurera dans les contrats. En revanche, la question est épineuse pour les artistes permanents en CDI dans ces équipements.
La synthèse de ces positions est faire par Frédéric Hocquard, président de la Fédération nationale des collectivités pour la culture, qui affirme: “L’extension du passe sanitaire aux lieux de culture va certes obliger à faire des contrôles. Mais c’est déjà le cas dans les festivals de plus de 1000 personnes, et, plus récemment, les clubs et boîtes de nuit, qui ont su les mettre en œuvre. Sur le principe, l’extension du passe sanitaire a une fonction pédagogique qui peut sembler positive. Evidemment, cette mesure va avoir un coût. Il faudra donc prévoir un mécanisme de soutien financier, comme l’Etat l’avait fait il y a quelques années pour les mesures de prévention des actes de terrorisme.”