En dépit d’un partenariat signé entre l’Etat, Doctolib, Maiia et Keldoc, les prises de rendez-vous pour se faire vacciner contre le Covid relèvent pour certaines personnes du parcours du combattant. Les CCAS et les médiateurs numériques s’organisent, tandis que l’Etat déploie des mesures spécifiques pour toucher les publics prioritaires et encore non vaccinés. Les créneaux de réservation en ligne ne sont en effet parfois pas accessibles pour les personnes éloignées du numérique.
Un partenariat a été signé entre l’Etat et Doctolib, Maiia et Keldoc pour organiser les prises de rendez-vous pour se faire vacciner contre le Covid-19, et, depuis le 18 janvier, la vaccination est prioritaire pour les personnes âgées de 75 ans et plus. Les CCAS et les associations d’inclusion numérique dénotent cependant un problème de méthode dans ce partenariat, sachant qu’une personne âgée sur deux n’a pas accès à internet à la maison et ne peut donc pas s’inscrire pour des créneaux de vaccination.
Pour rappel, on considère aujourd’hui que 17 % de la population souffre d’illectronisme, et que cela peut « accroître la vulnérabilité sociale de populations potentiellement déjà fragiles », comme le résume l’Insee. Dans de nombreux cas, les proches des « seniors les aident pour prendre des rendez-vous. Les CCAS, via la création d’adresses électroniques génériques pour les habitants n’ayant pas accès à internet, suppléent également les personnes victimes d’illectronisme. La plateforme Solidarité numérique, bien que n’ayant pas vocation à se substituer aux dispositifs officiels du gouvernement, a tout de même reçu autour d’une centaine d’appels de particuliers depuis janvier concernant la prise de rendez-vous pour la vaccination.
Les préfectures sollicitent parfois ces intermédiaires pour venir en appui de la campagne vaccinale, en transmettant le numéro de Solidarité numérique à leurs réseaux, que ce soit dans les France Services, les CCAS, pour qu’il soit relayé auprès des usagers. L’idée n’est pas de démultiplier les canaux, puisque le but n’est pas de perdre l’usager, mais nous pouvons être un canal supplémentaire pour permettre la vaccination, si besoin. ». Un tutoriel spécifique a aussi été créé pour guider la prise de rendez-vous en ligne.
La campagne de vaccination n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière et même si on compte désormais 10 millions de Français primo-vaccinés, comme l’a annoncé le Premier ministre, Jean Castex, jeudi 8 avril, et que la vaccination est ouverte depuis lundi 12 avril à toutes les personnes de 55 ans et plus, le gouvernement le répète : la priorité reste de vacciner les plus âgés. Actuellement, 40% des 75 ans et plus n’ont pas encore reçu une première injection, selon les chiffres communiqués par le ministre de la Santé, Olivier Véran, le 5 avril.
Ce qui a fini par entraîner de nouvelles mesures, passant par d’autres canaux que le numérique. Afin d’accompagner spécifiquement les personnes de 75 ans et plus souhaitant être vaccinées et n’ayant pas encore pu prendre rendez-vous », des dispositifs « allers-vers » ont été déployés, comme le précise un communiqué du ministère de la Santé, publié le 7 avril.
Une campagne d’appels sortants de l’Assurance maladie vers ces publics a été lancée, ainsi qu’un numéro « coupe-file dédié ». Depuis mercredi 31 mars, ce numéro est indiqué dans un SMS envoyé par l’Assurance maladie aux personnes de 75 ans et plus non vaccinées. Le numéro vert national 0 800 009 110 est également mis en avant, et permet d’être redirigé vers le standard téléphonique d’un centre ou d’obtenir un accompagnement à la prise de rendez-vous.
Doctolib indique, lui, contribuer au dispositif en « mettant à la disposition des agents de l’Assurance maladie son outil de prise de rendez-vous en ligne. Doctolib va également permettre aux centres de vaccination qui le souhaitent d’allouer dans leurs agendas une partie de leurs doses à ces publics prioritaires ».
Les plus à l’aise avec les outils numériques comptent aussi désormais de nouvelles cordes à leur arc avec de récentes initiatives privées. « Vite ma dose » par exemple, initiative lancée par Guillaume Rozier, derrière CovidTracker, qui agrège actuellement quatre plateformes permettant la prise de rendez-vous en ligne : Doctolib, Keldoc, Maiia, et Ordoclic.
Autre initiative privée, celle de « Covidliste » qui permet de s’inscrire sur une liste d’attente en ligne et d’être alerté lorsqu’une dose est disponible près de chez soi, par exemple, quand un patient rate un rendez-vous et qu’une dose risque d’être perdue. Contactée, l’équipe de bénévoles n’avait pas répondu à nos questions au moment où nous publiions cet article.
D’un côté, une telle initiative, actuellement non certifiée par le gouvernement, permet d’accélérer la campagne vaccinale, mais de l’autre, elle peut conduire à vacciner des personnes qui optimisent leurs chances grâce au numérique mais qui ne sont pas prioritaires. Lundi 12 avril, le site comptait déjà plus de 600 000 inscrits.