A la suite d’un courrier envoyé en janvier dernier, l’APVF avait sollicité une rencontre avec le ministre de la Santé pour évoquer notamment la campagne de vaccination dans les territoires et les interrogations et dysfonctionnements qu’elle induit, dans les petites villes en particulier. Christophe Bouillon, Maire de Barentin et Président de l’APVF et Nathalie Nieson, Vice-Présidente de l’APVF et référente Santé ont donc rencontré le Ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran, le vendredi 19 avril 2021.
Ils ont tenu à rappeler que l’APVF a toujours alimenté la réflexion nationale en matière de santé publique, notamment via ses publications (sur les déserts médicaux et le renouvellement de l’offre de soins en 2016) et, surtout, sur le Ségur de la Santé en 2020. Notre association appelle à une répartition plus équitable de l’offre de soins sur le territoire et à une lutte contre les déserts médicaux, qui est l’un de ses combats les plus anciens et a le souhait d’être associée aux suites du Ségur de la santé et continuera de promouvoir une offre de soins plus territorialisée.
M.Bouillon et Mme Nieson ont ensuite évoqué la campagne de vaccination et rappelé qu’en premier lieu, l’APVF appelle à une approche différenciée par territoire de la campagne vaccinale, selon les taux de contamination et les réalités des territoires. Il est en effet possible de rationnaliser et d’optimiser encore davantage la campagne vaccinale et les Maires des petites villes sont tous volontaires pour y contribuer.
Outre la question de l’approvisionnement en doses vaccinales qui empêche certains centres de vaccination dans les petites villes de vacciner à plein régime, l’APVF a demandé au Ministre que les rapports et communication entre les ARS et les Mairies soient plus fluides, plus clairs. Il y a en effet des asymétries d’informations et des difficultés de communication qui sont pénalisantes pour l’efficacité de la campagne vaccinale dans les territoires.
L’APVF a également déploré des inégalités concernant l’accès à la prise de rendez-vous pour la vaccination, via Doctolib, dans les communes rurales notamment. Les personnes âgées qui y vivent n’ont pas la capacité d’utiliser les outils numériques et il serait opportun de proposer des systèmes de réservation de créneaux alternatifs, selon les territoires, urbains ou ruraux, et les populations visées. De même, des inégalités subsistent entre les villes qui ont un centre hospitalier et peuvent y accueillir le centre de vaccination (avec le personnel médical mobilisé pour la vaccination) et celles qui doivent le faire dans des locaux municipaux. Dans ces cas, tous les frais (de personnels, de mise aux normes des locaux, d’achat de matériel etc.) sont avancés par les communes.
Enfin, l’APVF a appelé à l’autorisation et à la massification de la vaccination par toutes les professions libérales de santé (infirmiers, sages-femmes, pharmaciens et médecins, mêmes retraités si conventionnés avec l’ARS). Pour massifier et rendre plus efficace la campagne de vaccination (surtout lorsque les livraisons de doses seront effectives et suffisantes, d’ici un mois), il sera nécessaire de s’appuyer sur ces réseaux de professionnels de santé qui maillent le territoire.
Les infirmiers, déjà rompus à la vaccination contre la grippe notamment, ont tout leur rôle à jouer et pourront appuyer les collectivités. L’obligation de prescription par un médecin peut être un frein à la prise en charge, pour les personnes sans médecin traitant notamment. La mobilité des patients peut être un frein à l’efficacité de la campagne vaccinale également : il est nécessaire de faciliter la vaccination à domicile, via les infirmiers notamment, le recours aux équipes mobiles et aux transports de patients, notamment pour les plus de 75 ans dans les zones rurales.
En conclusion de ce riche entretien, l’APVF et les Maires des petites villes ont rappelé à M.Véran qu’ils souhaitaient jouer un rôle actif dans le succès de la campagne de vaccination afin de pouvoir revenir à une « vie normale » au plus vite. Notre association demande cependant des garanties (financières, d’équité, de territorialisation de la campagne vaccinale) pour que les petites villes puissent pleinement jouer le rôle de « dernier maillon » de la chaîne de vaccination.