Juliette Auricoste, Directrice du Programme Petites Villes de demain à l’ANCT, répond aux questions de l’APVF et détaille le plan.
Pouvez nous nous préciser les grands axes du programme Petites Villes de demain?
La « petite ville » est structurante pour le quotidien de millions de français : en effet, plus de 35% de nos concitoyens résident dans une petite centralité ou dans le territoire environnant. Ces centralités irriguent l’ensemble de leur bassin de vie et constituent le quotidien de millions de français : commerces, services publics, vie culturelle, scolarité des enfants… Les petites villes constituent un lieu où chacun peut se retrouver et construire du lien, en mobilisant pleinement la culture et le patrimoine, ciment indispensable pour nos territoires. Nous avons tous constaté les trésors d’innovation et de solidarité durant le premier semestre : les petites communes sont des territoires d’innovation économique et sociale, et elles peuvent en être fières.
Les petites villes sont confrontées à des enjeux majeurs qui touchent au quotidien : la mobilité, l’adaptation au grand âge, le défi de la jeunesse… avec un besoin avéré en ingénierie pour transformer les idées en projets, puis en réalisations. Cela justifie pleinement le lancement, le 1er octobre dernier, du programme national Petites villes de demain, pour donner aux élus les moyens de réussir leurs projets de territoire : 3 milliards d’euros vont être mobilisés durant les six prochaines années pour soutenir un millier de centralités, c’est-à-dire rénover l’habitat et les espaces publics, développer de nouveaux services publics et valoriser nos patrimoines et nos paysages…
Pour réussir la transformation des territoires, le programme soutient les collectivités par un apport inédit en ingénierie d’une part, par l’intégration à un réseau professionnel – le Club Petites villes de demain – pour s’inspirer et oser sauter le pas, et enfin par le soutien des actions sur les différentes thématiques pour des villes et territoires dynamiques, riches de leur qualité de vie et engagés dans la transition écologique.
Le lancement et la durée du programme Petites villes de demain coïncide avec les mandats des maires nouvellement élus afin d’être en mesure de les suivre pendant leurs six années de mandature et soutenir la conception, l’évolution et la réalisation de leurs projets de territoires. Ce programme « cousu-main » permet un apport différencié auprès de chaque territoire.
Cette volonté de différenciation se traduit par un catalogue de mesures thématiques qui permet à l’Etat et à ses partenaires d’apporter une réponse ciblée à un besoin spécifique. L’offre de services pourra être complétée par des mesures portées par les acteurs locaux qui le souhaiteront : collectivités, agences de l’eau, … le programme est un cadre d’action qui s’enrichira des initiatives, tant locales que nationales.
Pouvez-vous donner quelques exemples concrets tirés de l’offre de service ?
L’apport en ingénierie est déterminant : c’est ce que nous disent les retours d’expérience. Cela signifie être aidé pour recruter un chef de projet dédié au projet de territoire, aux côtés du maire ou du président d’intercommunalité, et en transversalité aux différents services. Cela signifie aussi fournir des études et diagnostics, et également outiller l’équipe locale pour agir fortement sur les commerces. Pour cela, la Banque des territoires finance un manager de centre-ville pendant 2 ans, et un diagnostic flash pour préparer un plan d’action commerce dès les premiers mois du programme.
Sur la vie au quotidien, nous voulons rapprocher les citoyens des emplois et des services, en synergie avec les programmes France Service et « Territoires d’industrie ». L’enjeu est également d’accompagner les villes sur le soutien aux commerces, particulièrement éprouvés par la crise COVID : nous allons pour cela créer des foncières commerciales, accompagner le recrutement de managers de centre-ville, accélérer la digitalisation des commerces et le développement des circuits-courts. En matière d’aménagement urbain, il s’agir de soutenir des projets de requalification des centres-villes, la rénovation thermique des équipements publics, notamment des écoles, et leur adaptation au changement climatique, et de débloquer des opérations de rénovation urbaine grâce à la mise en place du fonds friches de 300 millions d’euros dédiés. Enfin, l’attractivité et la fierté de nos concitoyens passe aussi par le soutien à la culture et au patrimoine, grâce à l’implication forte du ministère de la culture, et au partenariat avec la Fondation du patrimoine.
Quels sont les grands partenaires investis dans ce plan, et quel est le rôle de l’ANCT ?
Le programme est un cadre d’action partenarial : plus de 30 partenaires sont déjà impliqués, et en particulier les partenaires financiers : aux côtés des différents ministères impliqués et en premier lieu le ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, sont mobilisés l’ANCT, la Banque des territoires, l’ANAH, le Cerema, et l’ADEME.
Le programme est piloté par l’ANCT, qui joue un rôle de « chef d’orchestre ». Petites villes de demain est largement déconcentré : la sélection des communes, et l’accompagnement des collectivités retenues relèvent des préfets, délégués territoriaux de l’Agence nationale de la cohésion des territoires.
Quels conseils donneriez-vous à une collectivité qui souhaite être retenue par ce programme ?
La sélection des communes est en cours, et elle est à la main des préfets : il convient donc de se manifester rapidement auprès de votre préfet de département, pour lui faire part de vos questions éventuelles – et de votre motivation !
Pour faire partie du programme la ville doit s’assurer de remplir les critères suivants : être une petite ville de moins de 20 000 habitants ayant des fonctions de centralités et présentant des signes de fragilité.
L’ANCT et ses partenaires sont présents pour accompagner les collectivités tout au long de leur démarche et cela même dès la conception du projet en fournissant des études et des diagnostics. Avoir un projet de territoire défini à l’avance n’est pas une condition d’éligibilité au programme, il est important que cela ne soit pas un frein à la candidature.
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