3 questions à … Yannick Imbert : “Dans le monde d’après, on peut dire que La Poste sera, grâce au e-commerce, un vecteur important de la relance”

18 juin 2020

Yannick Imbert, directeur des affaires publiques et territoriales du Groupe La Poste, revient avec nous sur le fonctionnement des services postaux depuis le début de la crise sanitaire, sur les perspective du groupe dans les mois à venir et sur le rôle que la Poste souhaite jouer dans le cadre de la relance économique.

 

La Poste a fait le choix de réduire son activité et de fermer un certain nombre de bureaux au début de la période de confinement. Ce choix n’a pas été sans conséquences dans certains territoires, notamment dans les petites villes. Pouvez-vous nous faire un point sur la présence territoriale de La Poste à ce stade et sur la distribution du courrier ?

La Poste est restée, pendant la durée de la crise, aux côtés de l’Etat et de tous ses clients. Si elle a réduit son activité au début du confinement, c’est parce qu’elle a dû, elle aussi, faire face à cette situation inattendue. Elle n’a néanmoins pas eu de cesse d’adapter ses services afin de répondre au mieux aux besoins des populations et de réorganiser ses méthodes de travail afin de protéger ses millions de clients, ainsi que les postiers et postières eux-mêmes qui, pour un bon nombre d’entre eux, n’ont pas été épargnés, d’aucuns par le covid-19, ou considérés comme personnes à risque, d’autres par leurs contraintes d’organisation familiale du fait de la fermeture des écoles par exemple. C’est grâce à l’important réseau d’entraide qui s’est organisé en interne que La Poste a pu revenir progressivement à une activité quasi normale. Il faut noter que 860 millions de lettres et 80 millions de colis ont été distribués par La Poste pendant le confinement. Dès le début du mois d’avril, elle a assuré la distribution des prestations sociales aux 1,5 million allocataires clients de La Banque Postale. Elle a par ailleurs conçu une plateforme de commercialisation et de distribution de masques, équipé les élèves non dotés en matériel informatique ou encore mis en place un dispositif spécifique de continuité pédagogique. Depuis le 11 mai, dans sa volonté de concilier protection des postiers et continuité de service, La Poste rétablit progressivement la distribution du courrier, de la presse quotidienne et des colis 6 jours sur 7 ainsi que l’ouverture de tous les bureaux de France, en adaptant les horaires d’ouverture en fonction de la situation sanitaire locale et de leur fréquentation.

 

Avant la crise, des élus locaux avaient constaté des dysfonctionnements importants dans la distribution du courrier. Dans le cadre de la reprise de l’activité économique, l’efficience du service postal sera importante, pouvez-vous nous confirmer que ces dysfonctionnements seront réglés ?

La qualité de la distribution reste au centre des préoccupations de La Poste. Mais la chute du courrier a bouleversé notre organisation et nous avons dû nous adapter en conséquence. Il nous a en effet fallu réorganiser les tournées de distribution et cela a eu un impact sur les horaires de travail des postiers ainsi que sur leurs missions qui se sont diversifiées, même si nous avons veillé à ce que la notion de service, qui est la raison d’être de notre entreprise, reste au cœur de nos actions. Pour limiter les dysfonctionnements dus à cette réorganisation de grande ampleur, La Poste a mis en œuvre une régulation renforcée de la distribution. Parallèlement, elle a sollicité l’appui des collectivités locales pour améliorer l’adressage. Ce qu’il faut néanmoins avoir en tête, c’est que si La Poste continue à distribuer le courrier 6 jours sur 7, celui-ci ne représentera bientôt plus que 20% de son activité. Il est donc nécessaire qu’elle se diversifie pour se transformer. Alors, si cette nouvelle organisation a pu et peut encore, dans certaines zones, provoquer des dysfonctionnements dans la distribution du courrier, auxquels nous restons attentifs car La Poste est déterminée à assurer cette mission dans les meilleures conditions, elle est nécessaire afin que nous puissions accompagner la baisse des volumes du courrier mais aussi la croissance des achats de marchandises en ligne et le déploiement de nos nouveaux services aux citoyens, aux collectivités et aux entreprises.

 

Comment le Groupe la Poste peut-il accompagner la reprise économique, notamment dans les petites villes ? Quel rôle pour le groupe La Poste dans le « monde d’après » ?

La crise a révélé plus que jamais le besoin de poste. Qu’il s’agisse des entreprises ou des citoyens, et notamment les plus fragiles ou isolés. Pendant cette période, l’AMF et La Poste ont travaillé ensemble et convenu de la nécessité incontournable d’améliorer l’accès aux services postaux sur l’ensemble du territoire, en milieu urbain ou très rural, ainsi que du rôle primordial du dialogue avec les élus. En termes d’activité, ce qui ressort surtout de la crise, c’est qu’elle a permis l’incroyable explosion du e-commerce. Pendant le confinement, La poste était aux côtés des entreprises et des commerçants et ses volumes de colis ont augmenté de 25%. Si La Poste s’est vue confier autant de colis, c’est grâce à son réseau qui lui permet de livrer partout en France, ce qui n’est pas le cas des autres opérateurs, dont certains avaient même arrêté leur activité dans cette période. La Poste a même augmenté ses parts de marchés. Alors dans le monde d’après, on peut dire que La Poste sera, grâce au e-commerce, un vecteur important de la relance. Les petites villes de France, quant à elles, comme les villes moyennes, créent l’équilibre de notre territoire. Il faut préserver leur centralité et leur attractivité. Dynamiser les centres villes et le commerce de proximité, répondre aux nouveaux besoins des populations, tout en tenant compte des aspects écologiques, autant d’enjeux que La Poste souhaite relever avec les petites villes. Avec elles, elle souhaite développer des solutions innovantes comme le soutien au commerce local avec sa plateforme numérique Ma Ville Mon Shopping qui permet de créer de véritables places de marché locales, La Banque Postale peut d’ailleurs soutenir les artisans et commerçants dans le financement de leurs projets d’installation, de rénovation ou de développement, mais aussi l’accompagnement des personnes âgées avec ses projets de résidences services séniors dans plus de 20 petites et moyennes villes en France. La Poste peut également aider les petites villes dans le développement du numérique à l’école avec le déploiement de tablettes éducatives, et bien entendu, continuer de travailler étroitement avec elles autour des nouvelles formes de présence postale (Maisons France service, mutualisations diverses avec des services d’information touristique, création de tiers-lieux….). Dans le monde d’après, La Poste aura à cœur de soutenir les projets de revitalisation inscrits dans le programme « petites villes de demain » et restera résolument, et plus que jamais, la partenaire des petites villes de France.