A l’occasion d’une audition de Pierre Jarlier, Président délégué de l’APVF, par le Directeur fondateur de Centre-ville en Mouvement jeudi 30 avril dernier, le Maire de Saint-Flour a présenté les priorités de notre association en matière de revitalisation et réanimation des centres-villes dans la période de desserrement du confinement qui s’annonce à partir du 11 mai prochain.
Les petites villes, et notamment leurs commerces de centre-ville, se sont avérées être parmi les plus touchées par la période de confinement. Ces difficultés ne sont pas nouvelles, puisque depuis quelques années déjà, l’évolution des consommations, des habitats et modes de vie de nos concitoyens ont conduit à une paupérisation des consommations de cœurs de ville, une diminution, voire une fermeture des services. La crise actuelle n’a évidemment fait qu’aggraver ce constat et renforcer le besoin d’un plan structurant pour la survie de nos petites villes.
C’est justement le sens du programme « Petites Villes de Demain » (PVD), duquel l’APVF est partenaire national, annoncé à l’occasion des assises de l’Association, en septembre 2019. Du fait que beaucoup de petites villes se soient retrouvées exclues du programme Action Cœur de ville, l’accompagnement structurant des petites collectivités revêt aujourd’hui une urgence absolue.
Pour en sortir, l’APVF réitère ses demandes que le programme « Petites villes de Demain » soit partie intégrante du plan de relance attendu du Gouvernement, qui doit justement aborder les problématiques de commerce, d’habitat, d’aménagement du territoire ou de patrimoine. Ce programme doit, d’abord, être mis en place très rapidement, et devra donc être accompagné de mesures fortes, car les conseils municipaux lorsqu’installés, auront besoin d’un soutien à l’ingénierie territoriale de qualité. Cela s’avèrera déterminant à la capacité de redynamisation de nos petites villes.
Ensuite, si l’ingénierie est vitale, elle s’avère néanmoins insuffisante à elle seule. Les mesures fortes qui accompagneront le lancement du programme PVD devront s’attaquer à des enjeux transversaux, et plus particulièrement :
- Le commerce traditionnel : les petites villes attendent un plan massif de relance du commerce traditionnel, avec la définition d’un périmètre restreint de fragilités (les centres historiques par exemple) dans lesquels devraient s’appliquer des défiscalisations, des initiatives de soutien à l’investissement flexibles et simplifiés pour éviter les méandres administratifs. Le système doit être déconcentré par département, en lien entre Maires et Préfets, pour rapprocher la décision du terrain
A ce titre, les marchés sont essentiels. L’Etat doit autoriser rapidement – sous couvert du respect des règles sanitaires – l’ensemble des marchés notamment pour les producteurs. C’est progressif, mais c’est déterminant, car l’impact sur l’animation et l’attractivité est énorme. Beaucoup de maires ont pris des dispositions afin d’en assurer le bon déroulement ; il s’agit de leur faire confiance. C’est à eux que devraient ainsi revenir, la décision d’ouverture de ces marchés.
- Les nouvelles formes de commerce: La crise a mis en évidence les opportunités du numérique ou de la livraison à domicile pour permettre aux commerces de subsister. Cela correspond par ailleurs à un changement des habitudes des consommateurs, tendance plus lourde à l’échelle de notre société. Le PVD devra donc faciliter et favoriser a mise en place de plateformes de commerces et de services pour les commerces de centre-ville et les producteurs locaux. Cela permettra de développer le commerce de proximité et les circuits-courts. Ces initiatives nécessiteront des capacités d’ingénierie que les petites villes n’ont structurellement pas, mais auquel le PVD pourra pallier
Evidemment, ces grands axes structurants devront s’accompagner de mesures plus précises et techniques, comme par exemple la facilitation des baux emphytéotiques pour permettre à la commune de retrouver de la maitrise de foncier en Rez-de-chaussée, sans pour autant se retrouver propriétaire de tout le bâtiment. Les adaptations en termes de règlement de l’urbanisme devront également être prises. Autre exemple, il conviendra de prévoir un dispositif législatif simplifié pour les déclarations d’utilité publique pour l’habitat ou le commerce – procédures aujourd’hui trop contraignantes et chronophages.
- L’habitat: L’une des caractéristiques des petites villes est l’absence de marché de l’immobilier, et la difficulté d’attirer des investisseurs. Il sera donc primordial de permettre l’accueil de nouvelles familles et veiller à la mixité sociale. Les différents dispositifs type « de Normandie » doivent être appliqués et les villes répondant aux critères du PVD doivent pouvoir bénéficier directement d’une ORT. Les bailleurs sociaux devront par ailleurs être en mesure d’intervenir dans ces zones prioritaires de centre ville en bénéficiant des mêmes avantages que dans les dispositifs privés classiques
- Le patrimoine: beaucoup de petites villes ont un patrimoine potentiellement attractif, mais il faut des aménagements pour qu’elle soit réelle. Le dispositif Malraux devra être étendu et généralisé afin qu’un plus grand nombre de petites villes puissent y prétendre. Les entrepreneurs locaux doivent pouvoir être des partenaires de cette politique générale qui vise à redynamiser des bassins de vie entiers. Il s’agit, donc, d’inciter les petites villes à protéger leurs patrimoines, les inciter aux secteurs sauvegardés, afin que les périmètres historiques soient remis en valeur, qualitativement.
Le COVID a renforcé la perception nouvelle de la ruralité à l’œuvre depuis quelque temps. Si beaucoup se sont réfugiés dans nos petites villes en période de confinement, c’est parce qu’ils recherchent de l’espace et une certaine qualité de vie préservée.
Il y avait bien sûr une prise de conscience plus ancienne de nouveaux critères de vie – outre les aspects purement économiques ou ayant trait à l’ascension sociale : qualité de vie des enfants, prix de l’immobilier, conditions de vie et de travail. Cette crise met en lumière ces perspectives et constitue une opportunité pour la ruralité. Le télétravail et le numérique en général peuvent être des solutions, si inclusifs et disponibles partout. C’est également d’ailleurs pour cette raison que nos élus sont favorables à ce que l’Agenda rural, dont Pierre Jarlier a été un élu moteur, doit être relancé : les attentes envers le milieu rural sont d’autant plus fortes et nombreuses aujourd’hui. C’est aussi vrai pour les petites villes périurbaines qui peuvent devenir des pôles de développement potentiels pour les métropoles.
Les petites villes seront donc bien, demain, en première ligne des opportunités qui s’ouvrent car elles pourront irriguer le territoire dans lequel elles s’inscrivent.