Sébastien Eugène, Maire de Château-Thierry dans l’Aisne (15 000 habitants), répond à nos questions sur la gestion de la crise sanitaire dans sa commune.
Quelle est la situation sanitaire sur votre territoire ?
Bien qu’à 40 km de l’épicentre épidémique de l’Oise, Château-Thierry n’a été que très peu touchée au début de l’épidémie, contrairement au nord de notre département qui y est plus connecté par route et par train. En revanche, la vague épidémique est arrivée fin mars dans notre commune, dans la continuité de la Région Grand Est et du département de la Marne. Nous ne possédons pas de données précises sur le nombre de personnes qui ont contracté le virus mais l’hôpital de Château-Thierry est saturé depuis la dernière semaine de mars, malgré des capacités en augmentation (au 31 mars, 12 lits de réanimation et 19 lits d’hospitalisation dédiés aux patients COVID-19).
Comment sont mobilisés vos agents municipaux dans cette période de crise ?
De nombreux agents sont placés en autorisation d’absence, en particulier les agents ayant des métiers manuels. Les services municipaux sont fermés, sauf sur rendez-vous, notamment pour l’état-civil. Les agents les plus mobilisés par télétravail sont les cadres et les fonctions support. Toutefois, de nombreux services continuent de fonctionner sur le terrain tels que la police municipale ou le service propreté. Le standard de la mairie a été renforcé pour apporter des réponses plus rapidement. Le CCAS joue un rôle clé dans la mise en œuvre des mesures de solidarité. Des animateurs et des ATSEM sont mobilisés pour l’accueil des enfants de personnels soignants et de sécurité, le matin, le soir mais aussi les samedi et dimanche. La cuisine centrale continue à confectionner des repas pour ces accueils et pour le portage de repas à domicile.
Avez-vous le sentiment que les mesures de confinement sont correctement respectées et acceptées par vos administrés ?
Une grande majorité des administrés comprennent les règles et sont en attente d’autorité pour faire respecter le confinement. Dans l’ensemble, les mesures sont plutôt bien respectées. On rencontre surtout des difficultés dans les quartiers de logements collectifs, notamment dans les quartiers prioritaires de la Ville où de jeunes gens continuent à se regrouper. On voit aussi des personnes âgées se déplacer chaque jour pour acheter une demi-baguette chez le boulanger. Il n’est pas facile de faire admettre que le confinement implique de ne pas prendre l’air chaque jour. Le principal problème réside dans les supermarchés où la promiscuité, surtout en fin de semaine, peut faciliter la propagation du virus.
Avez-vous mis en place des mesures supplémentaires par rapport à celles annoncées par le Gouvernement pour assurer la sécurité sanitaire ?
J’ai pris un arrêté municipal interdisant l’accès aux aires de jeux et aux terrains multisports. Je souhaitais également interdire l’accès aux bords de la rivière Marne qui traverse la Ville car ils continuaient d’être utilisés comme lieu de balade ; un arrêté préfectoral a été pris parallèlement.
Comment organisez-vous la solidarité sur votre territoire, notamment à l’égard des personnes fragiles et isolées ?
Avec la crise sanitaire, le CCAS a très rapidement renforcé ses actions. Tout d’abord en répondant aux demandes et en contactant les personnes enregistrées dans le plan canicule, afin de s’assurer que personne ne manque de rien. Du matériel de protection a été donné aux associations caritatives. Le CCAS a également créé une actions de portage de courses et de médicaments à domicile. Pour éviter la manipulation d’argent, le CCAS fait l’intermédiaire entre le bénéficiaire et le commerce (via une régie), et la livraison est assurée par un bénévole.
En octobre 2019, le CCAS avait lancé une plateforme d’entraide pour mettre en relation demandeurs et bénéficiaires : la plateforme est pleinement utilisée actuellement. Elle permet aussi de faciliter des moments de convivialité téléphonique. Enfin, dès les premiers jours du confinement, nous avons mis en place un numéro d’aide psychologique aux familles pour éviter les violences intrafamiliales. Nous sommes aussi très préoccupés par le nombre d’enfants n’étant pas en contact avec leur enseignants (8 % des enfants, principalement en quartiers prioritaires de la ville) ; nous travaillons à la recherche de solutions en lien avec l’inspection académique.
Des formes de solidarité existent-elles entre les collectivités de votre territoire ?
Nous travaillons en lien très étroit avec la communauté d’agglomération, ce qui est facilité par une direction générale commune entre la Ville et l’Agglomération. Les décisions (interdictions par arrêtés municipaux, gestion des ressources humaines, etc.) sont concertées avec l’Agglomération qui assure aussi le relais avec les 86 autres communes de l’EPCI. Du prêt de matériel se fait également entre collectivités. Château-Thierry étant une ville-centre et la mairie étant joignable chaque jour de la semaine, les services sont également sollicités par des habitants d’autres communes à des fins d’information.
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