Florian Lecoultre, Maire de Nouzonville dans les Ardennes (5 800 habitants), répond à nos questions sur la gestion de la crise sanitaire dans sa commune.
Quelle est la situation sanitaire sur votre territoire ?
Plusieurs dizaines d’Ardennais sont actuellement hospitalisés et nous venons de connaitre notre premier décès (ce 1er avril). Globalement, la situation du département des Ardennes est donc beaucoup moins dramatique que celle dans d’autres départements de la région Grand-Est.
Comment sont mobilisés vos agents municipaux dans cette période de crise ?
Nous avons fermé l’accueil au public de la mairie le 17 mars dernier. Depuis, des agents se relaient au quotidien pour répondre aux sollicitations des habitants par téléphone et par mail. Le télétravail a été mis en place et une petite équipe d’agents municipaux sont mobilisables à tout moment afin de parer aux urgences sur le terrain.
Avez-vous le sentiment que les mesures de confinement sont correctement respectées et acceptées par vos administrés ?
Si la grande majorité des habitants respectent les mesures liées au confinement, les services municipaux et moi-même répondons à beaucoup de questions liées au côté « pratique », essentiellement sur la justification des déplacements. Nous faisons preuve de beaucoup de pédagogie au quotidien : je réponds en moyenne à une trentaine d’habitants qui me questionnent chaque jour, notamment sur les réseaux sociaux.
Depuis le début du confinement, la Police municipale – mobilisée du lundi au samedi avec la Gendarmerie – a dressé un peu plus d’une vingtaine de contraventions.
Avez-vous mis en place des mesures supplémentaires par rapport à celles annoncées par le Gouvernement pour assurer la sécurité sanitaire ?
Avant la décision du Premier ministre, j’avais décidé de suspendre le marché du lundi matin. Cette décision a été difficile à prendre car je connais tous les commerçants qui viennent chaque semaine à Nouzonville mais elle était selon moi nécessaire.
Comment organisez-vous la solidarité sur votre territoire ?
J’ai lancé publiquement un appel à la solidarité locale qui a été entendu : plus d’une soixantaine d’habitants ont répondu présents en deux jours !
Avec l’organisation de ce réseau de solidarité locale, nous avons pu mettre en place un système de courses assuré par des bénévoles que nous coordonnons toute la journée, afin de rendre service aux personnes âgées et handicapées de la commune. Grâce à des Nouzonnais qui ont une imprimante 3D, nous avons pu confectionner et distribuer des visières de protection à ceux qui sont en première ligne : nos personnels soignants, forces de l’ordre, aides à la personne, commerçants de la commune, etc.
Plus récemment encore, nous avons décidé de mettre les plus jeunes à contribution en leur demandant… de faire des dessins pour redonner le sourire à nos anciens, qui sont confinés dans l’EHPAD local. L’opération est un succès et les séniors apprécient beaucoup de recevoir ces petites attentions.
Dans le triste contexte que nous vivons tous, la solidarité locale est réelle et elle fait très chaud au cœur.
Des formes de solidarité existent-elles entre les collectivités de votre territoire ?
L’action de notre réseau de solidarité locale que nous avons mis en place dépasse les frontières de la commune puisque nous fournissons désormais des visières de protection aux professionnels de la santé et aux agents de caisse d’autres communes.
Si c’est nécessaire et dans la limite de nos possibilités, nous aiderons évidemment les collectivités voisines qui auraient besoin de nous.