Nathalie Nieson : “nous avons appliqué un couvre-feu le soir”

26 mars 2020

Nathalie Nieson, Maire de Bourg-de-Péage dans la Drôme (10 200 habitants), répond à nos questions sur la gestion de la crise sanitaire dans sa commune.

 

Quelle est la situation sanitaire sur votre territoire ?

Nous sommes en début de vague, c’est-à-dire que le nombre de cas est en augmentation sur le secteur mais nous ne sommes pas encore dans la situation des Régions Grand-Est ou Ile-de-France. C’est très difficile d’en dire plus car les gens ne sont plus diagnostiqués, et nous sommes en difficulté pour avoir un panorama détaillé et précis de la situation et évaluer la situation sanitaire réelle du territoire. Les personnes qui décèdent dans les EHPADs ne sont pas diagnostiquées. Dès lors il est compliqué de déterminer si ce décès intervient des suites du virus ou pas : quand les citoyens sont malades, nous n’avons que le « soupçon » de virus.

 

Comment sont mobilisés vos agents municipaux dans cette période de crise ?

Tous les agents que l’on a pu mettre en télétravail l’ont été, et nous assurons le fonctionnement de 4 services sur le terrain : portage des repas à domicile, police municipale (ceux qui n’ont pas à garder leurs enfants et qui ne sont pas considérés comme fragiles. Malheureusement, cela implique que nous n’ayons plus que 3 agents sur le terrain), le service minimum d’accueil et enfin des agents de voirie qui s’occupent de la salubrité et de la propreté de la ville.

 

Avez-vous le sentiment que les mesures de confinement sont correctement respectées et acceptées par vos administrés ?

95% des Péageois comprennent les mesures, les acceptent et se comportent raisonnablement. Je dirais qu’environ 3% sont dans le besoin régulier de sortir et 2% peinent réellement à respecter les règles. A Bourg-de-Péage, nous avons appliqué un couvre-feu le soir car une commune voisine s’est retrouvée dans l’obligation de prendre une telle disposition… et nous l’avons également fait, avec le souci d’être dans la même logique pour éviter les déplacements de populations qui ne souhaitent pas respecter le confinement.

 

Comment organisez-vous la solidarité sur votre territoire ?

On étend le plus possible le portage des repas à domicile à des personnes qui n’ont habituellement pas accès à ce service car ils mangent dans une structure d’accueil des seniors en journée. Habituellement, ce service est réservé à ceux qui sont dans l’incapacité de se déplacer. On a étendu l’accès aux personnes fragiles et âgées. Nous avons 1400 personnes de plus de 70 ans et nous, élus, nous relayons pour les appeler et prendre de leurs nouvelles parce que confinement peut malheureusement rimer avec isolement.  Enfin, nous avons maintenu l’accueil téléphonique des agents, et l’on reçoit des habitants pour des tâches absolument indispensables, selon les règles déterminées par le Gouvernement (déclaration de naissance ou de décès, par exemple).