Antoine Homé : “une maraude de la Croix Blanche afin de veiller au bon état de santé des personnes âgées”

26 mars 2020

Antoine Homé, Maire de Wittenheim dans le Haut-Rhin (14 300 habitants), répond à nos questions sur la gestion de la crise sanitaire dans sa commune.

 

Quelle est la situation sanitaire sur votre territoire ? 

Le Haut-Rhin est, avec l’Oise, un foyer important de l’épidémie du coronavirus et l’agglomération de Mulhouse est devenu rapidement l’épicentre du nouveau virus dans la région Grand Est. Wittenheim, à 4km kilomètres de Mulhouse Bourtzwiller – où s’était tenu fin février le rassemblement évangéliste (2 000 personnes) ayant accéléré la propagation de l’épidémie dans la région – n’a pas été épargnée.

L’agglomération de Mulhouse et les communes limitrophes sont confrontées depuis début mars à une affluence quotidienne de cas de contamination et il est difficile, encore à ce jour, de maîtriser l’issue de la pandémie. Sa situation actuelle est donc toujours aussi préoccupante.

Une solidarité importante s’est manifestée à l’égard du CHU de la métropole, lui-même extrêmement mobilisé. Face à la saturation de l’hôpital, le transfert de certains patients a pu être organisé vers d’autres régions (à Marseille, Toulon, Quimper, Brest…) et même en Allemagne (Mannheim et Fribourg-en-Brisgau). Depuis quelques jours, nous bénéficions du soutien de l’hôpital de campagne, monté par l’armée, à Mulhouse.

Les personnels de santé sont particulièrement investis et courageux dans ce contexte et bien au-delà, l’ensemble des agents du service public.

 

Comment sont mobilisés vos agents municipaux dans cette période de crise ?

Les agents municipaux de Wittenheim sont exemplaires et mobilisés. C’est le cas également de tous les élus, adjoints. A travers leurs actions, c’est la valeur du service public, présent dans l’épreuve, qui s’exprime.

La Mairie n’accueille plus physiquement le public pour des raisons de sécurité, mais une permanence quotidienne est assurée par téléphone pour préserver le lien avec les administrés, les informer.

Le rôle du Maire est également extrêmement important. Plusieurs fois par semaine, j’anime un comité de suivi du plan local de sauvegarde avec la Directrice générale des services, Laurence Faye, et les commandants de police, de sapeur-pompier et de la ville, afin de planifier les actions qui seront menées par l’ensemble des acteurs municipaux dans le cadre de la gestion de cette crise sanitaire et pour assurer la protection des habitants.

La gestion de l’épidémie au sein de la commune est assurée en lien étroit avec le Préfet, très présent et actif, et l’agglomération. Toutes les décisions prises le sont collectivement.

 

Avez-vous le sentiment que les mesures de confinement sont correctement respectées et acceptées par vos administrés ?

Les mesures de confinement sont respectées et acceptées sans difficulté par les habitants. Les gens sont conscients de la situation et leur civisme est globalement rassurant. Mais cela s’explique aussi par la dureté de l’épidémie dans la région.

Le respect des consignes est facilité par les moyens importants dont dispose la commune pour assurer les contrôles et la prévention. Le contrôle du respect des consignes est, en effet, effectué par la police nationale – un commissariat de police est installé sur la commune de Wittenheim qui est le siège de la circonscription de la police – et par la brigade verte des gardes champêtre, syndicat mixte entre les communes et le département qui agit pour le compte des communes. A noter que Wittenheim est également doté d’une caserne de sapeurs-pompiers, qui attire de nombreux volontaires chaque année.

Sur la question du couvre-feu, elle est actuellement évaluée avec le Président de l’agglomération, Fabian Jordan. Mais une telle mesure ne devrait être prise que si les règles de confinement ne sont pas respectées et que si les moyens pour la faire respecter sont suffisants. En tout état de cause, cette décision doit être collective, sauf si des circonstances particulières le commandent.

 

Avez-vous mis en place des mesures supplémentaires par rapport à celles annoncées par le Gouvernement pour assurer la sécurité sanitaire ?

Depuis le début de la crise, nous suivons scrupuleusement les règles édictées par le gouvernement et par le préfet au plan local. C’est essentiel.

Il est parfois possible d’adapter les modalités des règles nationales aux circonstances locales. Par exemple, le préfet du Haut-Rhin a décidé, en complément des mesures de restriction de circulation fixées depuis le 17 mars, d’interdire sur l’ensemble des communes du département, l’accès aux parcs, jardins publics, gravières, forêts, plans d’eau, berges, aires de jeux, parcours de santé, terrains de sport urbains.

 

Comment organisez-vous la solidarité sur votre territoire ? 

La Croix Blanche de Wittenheim, en collaboration avec le Service Prévention et Sécurité de la Ville, a mis en place depuis le 20 mars 2020, une maraude afin de veiller au bon état de santé des personnes âgées, handicapées et isolées sur l’ensemble du territoire communal.

Le Service Prévention et Sécurité de la Ville prend régulièrement contact avec les personnes figurant sur la liste des personnes isolées, tenue à jour depuis le Plan canicule. Des ravitaillements de premières nécessités sont également possibles.

 

Des formes de solidarité existent-elles entre les collectivités de votre territoire ?

Oui, elles sont nombreuses. Par exemple, Wittenheim a mobilisé deux groupes scolaires pour permettre la garde d’enfants des personnels soignants du CHU de l’agglomération de Mulhouse.

 

Quelles conséquences de la crise sur les dépenses de Wittenheim ?

Ce n’est pas ma priorité essentielle, ni celle de l’Etat d’ailleurs, et fort heureusement. La priorité, c’est la protection de la population et garantir le bon fonctionnement des services publics, indispensables dans la gestion de cette crise.

On évaluera précisément les dépenses plus tard. Les conséquences risqueront d’être importantes surtout pour les intercommunalités, qui disposent de la fiscalité économique et qui subiront inévitablement des pertes de recettes (CVAE…).