Seule l’ouverture des établissements non essentiels à la vie du pays a été interdite jusqu’au 31 mars. Les commerces alimentaires restent ouverts, partout sur le territoire, dans le respect des mesures de sécurité et de distanciation sociale préconisées par le Gouvernement. Mais les commerçants et les autorités rencontrent parfois beaucoup de difficulté à les faire respecter, et particulièrement dans les marchés.
Face à la ruée dans les supermarchés, la plupart d’entre eux a limité l’affluence à 100 personnes ou, encore, élargi les horaires d’ouverture. A Soyaux, en Charente, l’entrée est filtrée : pas plus de 50 personnes et pour une durée maximale de 15 minutes. A l’intérieur des magasins, les clients sont invités à respecter une distance de sécurité d’un mètre. Pour les plus équipés, des vitres en plexiglas protègent les caisses tandis que les employés disposent de gants et de masques ou que des lingettes désinfectantes sont distribuées aux clients. Dans la petite ville de Lons-le-Saunier (Jura), les étals sont désinfectés très régulièrement.
Dans certaines communes, on va plus loin encore. A Cognac (Charente), par exemple, un système impressionnant a été mis en place : « une caisse sur deux est ouverte. Cela permet aux clients de déposer leurs courses au début du tapis roulant, de contourner les hôtesses (protégées par un ruban blanc et rouge), avant de récupérer ses affaires en bout de tapis roulant ». Dans les villes de Bourgoin-Jallieu et Péage-de-Roussillon (Isère), les hypermarchés ont opté pour dispositif de rationnement, limitant le nombre d’articles par client à 6.
Pour assurer la sécurité des plus fragiles, les magasins alimentaires de Prayssac (Lot) et de Château-Gontier-sur-Mayenne (Mayenne) et de Lamballe (Côtes-d’Armor) ont réservé à leur clientèle âgée de plus de 70 ans un créneau horaire d’une heure, tous les jours, avant l’ouverture officielle. Cette initiative, que l’on retrouve également en Belgique, mériterait d’ailleurs d’être étendue.
Mais, depuis quelques jours, ce sont les marchés qui font parler d’eux. Beaucoup de personnes y affluent et les autorités rencontrent de plus en plus de difficulté à y faire respecter les consignes de sécurité. Ce constat a amené de nombreuses communes à prendre, à l’instar des supermarchés, des dispositions plus fermes, jusqu’à leur suspension.
Parmi les mesures plus fermes – qui tendent à se généraliser conformément aux propos, mercredi 18 mars, du ministre de la Santé, Olivier Véran – l’autorisation des stands de denrées alimentaires de première nécessité exclusivement (Indre en Loire-Atlantique, Mamers dans la Sarthe) et l’espacement de l’ensemble des étals pour garantir la distance d’un mètre entre commerçants, consommateurs. A l’Ile d’Yeu (Vendée), en contrepartie de la rotation de stands alimentaires mise en place, les commerçants proposent un service de livraison de paniers individuels.
Les marchés de certaines petites villes ont été suspendus (Pamiers en Ariège, Bourganeuf dans la Creuse, Charlieu dans la Loire). La raison principale, l’impossibilité à garantir le maintien des mesures barrières entre les usagers. C’est ce qu’indique un arrêté de suspension de marché pris par le Maire de Fougères (Ille-et-Vilaine), le 18 mars : « il n’est pas possible d’assurer matériellement les mesures dictées dans le cadre de cette crise sanitaire sans précédent, notamment un espacement entre les étals situés rue Nationale et place Guéhenno, ainsi que de garantir la distance nécessaire entre les usagers ».
D’autres raisons ont pu motiver de telles interdictions. C’est le cas à Flers (Orne) où le ramassage des déchets a poussé le Maire, Yves Goasdoué, à suspendre les marchés hebdomadaires dans sa commune : « Le Sirtom ne pouvant pas assurer le ramassage des poubelles et mes services étant trop chargés pour le faire, j’ai décidé d’annuler les marchés pour des raisons de propreté de la ville et ce jusqu’à nouvel ordre ».
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a finalement annoncé, le 23 mars, la suspension des marchés ouverts sur l’ensemble du territoire. Les préfets pourront vraisemblablement déroger au principe de l’interdiction, sur demande des maires et sous certaines conditions.
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