Mis en place en novembre dernier, le Haut Conseil pour le Climat (HCC) vient de remettre au Premier ministre son premier rapport. Composé de 11 scientifiques, cet organisme indépendant rattaché au Premier ministre doit évaluer la cohérence de l’action gouvernementale au regard des objectifs climatiques.
Un manque d’ambition et des objectifs non atteints
Les premiers pages du rapport dressent un constat plutôt alarmant en soulignant notamment le manque d’ambition des objectifs et leur non-respect.
- Des engagements insuffisants pour limiter le réchauffement climatique
Les objectifs fixés par l’Accord de Paris ne permettent pas de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C d’ici 2050.
- Des objectifs non atteints
La baisse annuelle des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur cette période a été de 1,1% soit deux fois moins que prévu.
- Des émissions mal calculées
Le HCC dénonce l’absence de prise en compte des émissions du transport aérien et maritime mais aussi des émissions liées aux importations dans le bilan carbone des Etats.
- Des changements structurels insuffisants
Le rapport pointe notamment le retard pris dans l’électrification des déplacements, mais aussi en matière de rénovation énergétique. Le HCC explique la stagnation de la consommation énergétique du bâti par la faible performance des rénovations et le retard dans l’élimination des chauffages carbonés.
- Des économies toujours fondées en grande partie sur l’énergie fossile
Le rapport souligne le retard pris dans le développement des énergies renouvelables et l’investissement public toujours aussi élevé dans les énergies fossiles.
Des propositions concrètes et ambitieuses
- Prendre en compte la stratégie bas carbone lors de l’élaboration de chaque loi
- Renforcer les instruments climatiques
- Amorcer les changements structurels pour atteindre la neutralité bas carbone notamment en matière de logement et de transport
- Concilier transition écologique et justice sociale
Le retour de la taxe carbone doit s’accompagner de mesures de compensation à destination des plus fragiles mais aussi d’une transparence totale sur l’utilisation des recettes.
- Arrêter les soutiens publics aux énergies fossiles.
En 2017, les investissements fossiles défavorables au climat représentaient environ 75 milliards d’euros par an France, soit près de deux fois le montant des investissements favorables. Pour rappel, le déficit d’investissement dans la transition écologique est estimé entre 10 et 30 milliards d’euros. Le rapport préconise donc de mettre fin à ces soutiens publics défavorables au climat tout en accompagnant les entreprises qui en bénéficient.
- Accompagner les territoires engagés dans cette transition
Le rapport termine en soulignant le rôle clé des territoires dans la transition écologique. Il réclame notamment un plus grand soutien dans l’action des territoires et plus particulièrement dans l’élaboration de leur stratégie écologique locale.
Pour la suite, le rapport sera présenté au Conseil de défense écologique au début du mois de juillet. Le Gouvernement devra ensuite répondre au rapport dans les six mois, devant le Parlement et le Conseil économique, social et environnemental.
Retrouvez l’intégralité du rapport en cliquant ici.