Afin de répondre aux revendications portées par le mouvement des Gilets Jaunes, le Président,dans son allocution du 10 décembre a, outre les annonces relatives au pouvoir d’achat dont le coût est évalué à 10 milliards d’euros, annoncé vouloir l’organisation d’un « grand débat national » avec l’appui des maires.Mais il est pour l’heure difficile de connaître les contours de ce grand débat,qui aurait dû commencer samedi 15 décembre dernier.
En théorie, ce débat devrait être coordonnée par la Commission national du débat public (CNDP) dirigée par Chantal Jouanno. A cette fin, les maires devraient recevoir des« kits » contenant méthode et argumentaires. Pour crédibiliser l’initiative, l’exécutif souhaite par ailleurs mettre en place un« collège des garants » dont la composition n’est pas encore connue.
Néanmoins, en l’état,le flou autour de cette initiative demeure : il existe en effet des « inquiétudes »au sein de la CNDP sur la méthodologie voulue par le gouvernement. La CNDP redoute vraisemblablement que les réunions relatives à cette concertation ne soient instrumentalisées par la majorité à des fins de communication politique.Pour rappel, dès la semaine passée, par la voie de son Président interrogé par CNEWS, l’APVF appelait à éviter « toute instrumentalisation politique de cette grande séquence républicaine ».Le gouvernement s’est défendu par l’intermédiaire de son porte-parole Benjamin GRIVEAUX de toute volonté de récupération.
Chantal Jouanno, Présidente de la CNDP a d’ores et déjà annoncé que son institution se chargerait de formaliser la restitution des débats. En termes de calendrier et de méthode, deux phases devraient se succéder :
-une première phrase, de mi-décembre à mi-janvier, durant laquelle les communes sont invitées à recueillir les doléances des citoyens et les transmettre aux services déconcentrés de l’Etat – des aides au « cadrage » des débats devraient être dispensées en région ;
-une seconde phrase, de mi-janvier à mi-mars, à l’échelle nationale, coordonnée par la Commission nationale du débat public (CNDP), qui s’articulera autour de rencontres avec tous les représentants de toute la société française(syndicalistes, acteurs de la vie économique ou associative, élus, citoyens tirés au sort sur la base du volontariat).
Les maires des petites villes, premiers représentants de la République, sont disponibles pour contribuer à l’organisation de ce débat – mais ils ne doivent pas être eux-mêmes les organisateurs. Lors d’un interview télévisé sur la chaîne BFM TV,le Président Bouillon a bien insisté sur le fait que « les maires ne doivent pas récupérer la patate chaude ».
Pour l’APVF, l’heure doit désormais être à la construction d’un nouveau « contrat territorial ». L’APVF souhaite par ailleurs que celui-ci permette de tracer les lignes d’un « nouveau contrat territorial » qui devra absolument apporter des solutions et réponses importantes sur les trois points suivants :
– les enjeux en termes d’accès à l’offre de soin, au droit à la santé dans tous les territoires ;
– les enjeux en termes d’accès aux mobilités, au droit au déplacement ;
– les enjeux en termes d’accès au numérique.
Aujourd’hui, le constat est désormais connu de tous : le nombre de médecins généralistes exerçant en libéral continue à diminuer, près d’un praticien sur deux est presque à la retraite et les inégalités en matière d’accès aux soins ne cessent de se creuser. Il y a dix ans, la question de l’accessibilité se posait surtout en milieu rural mais désormais les zones urbaines sont touchées.
L’enquête menée par l’APVF en 2016 sur l’offre de soins a permis de faire émerger plusieurs chiffres inquiétants sur l’état des inégalités en matière de santé publique : ainsi par exemple, près de 70% des élus interrogés ont récemment observé des difficultés pour trouver des remplaçants aux médecins généralistes et spécialistes qui ont quitté le territoire communal.
Concernant les mobilités, l’enjeu prioritaire pour l’APVF est de faire émerger aujourd’hui des solutions qui permettent d’éradiquer les « zones blanches en mobilité », c-à-d. trouver des solutions de mobilités au sein de tous ces territoires où la seule voiture permet de se déplacer.
En ce qui concerne de façon plus générale la résorption des fractures territoriales, l’APVF est favorable à la création d’un nouveau fonds qui sera alimenté par les seules métropoles, au profit du reste des territoires. Cette contribution des métropoles pourrait servir à financer des projets relatifs aux mobilités et à la lutte contre la fracture numérique dans tous les territoires : il est temps que les métropoles, « les premiers de cordées » des territoires assument leur rôle de locomotive au profit de tous.
Le Président de l’APVF Christophe BOUILLON n’a pas manqué de faire part de son analyse à l’attention du gouvernement.