Sans manquer de saluer le « travail de mobilisation piloté par Jean-Louis Borloo » qui lui a remis en avril un rapport très ambitieux sur l’avenir des 1300 quartiers prioritaires, dont il s’est inspiré, le Président a ainsi affiché sa volonté d’inventer une « une méthode nouvelle » et un rythme « différent », estimant la stratégie planificatrice relative aux banlieues « âgée » et « à bout de souffle ». Cette méthode qu’il veut « collective », comptant ainsi sur « l’engagement » et la « mobilisation » des différents acteurs selon leurs compétences s’articule autour de différentes mesures dont la concrétisation fera l’objet d’une observation assurée par un comité de suivi qui vocation à réunir tous les deux mois. Emmanuel Macron a déjà donné rendez-vous en juillet à ce comité.
Parmi les mesures annoncées et concernant le domaine de la rénovation urbaine, le Président Macron a annoncé le lancement de diverses initiatives d’ici ce rendez-vous avec une opération « cœur de quartiers » des « premières cibles » avec pour objectif de les faire sortir « en six mois » de leur situation dégradée.
Il est également revenu sur la création d’une « agence nationale de cohésion des territoires » notamment demandée par l’APVF lors de la publication de son Manifeste des petites villes de France en mars 2017. Cette agence se verrait confier la tâche de mobiliser financements publics et les acteurs afin de permettre un « rattrapage » en termes d’équipement aussi bien dans les zones périurbaines que dans les zones rurales.
Concernant les copropriétés dégradées, le Président a annoncé vouloir « qu’on puisse accompagner les établissements fonciers » et « définir d’ici juillet une dizaine d’opération d’intérêt national qui permette d’accélérer le travail de requalification ».
Par ailleurs, le chef de l’Etat annoncé vouloir la création d’une « instance de recours » relative à l’équité territoriale qui s’adresserait aux élus et aux habitants et dont la mission consisterait à vérifier l’effectivité des droits dans les territoires en difficulté. La réflexion sur les contours de cette organisation est donc lancée, les premiers éléments la concernant devraient être rendus publics au mois de juillet. Dans le même ordre d’idée, le Président s’est également dit favorable à un « débat d’évaluation de l’équité territoriale au Parlement ».
Emmanuel Macron a également appelé les 120 plus grandes entreprises françaises à prendre leur part en matière d’emploi et d’apprentissage en diversifiant les embauches et en proposant des stages pour les élèves de 3ème issus de ces quartiers. Des tests anonymes devraient être réalisés pour détecter les cas de discrimination à l’embauche au rythme de 40 ans par an pendant trois ans.
Concernant la petite enfance, le chef de l’Etat a annoncé la création de « 30.000 places en crèche » avec une subvention de « 1000 euros par place » dans les quartiers.
En matière de sécurité enfin, le Président Macron a annoncé pour le mois de juillet un « plan de mobilisation contre le trafic de drogue » et, déplorant la montée de la radicalisation certains quartiers, a annoncé qu’il souhaitait que les préfets puissent échanger régulièrement avec les maires sur la présence dans leurs communes des personnes fichées pour radicalisation islamiste, dans le cadre d’un protocole clarifié. D’ici juillet, le ministère de l’Intérieur formulera des propositions concrètes pour que les services de l’Etat puissent s’engager à l’égard des maires en la matière.
Après avoir pris connaissances des annonces du chef de l’Etat, l’APVF a réagit par voie de communiqué en signifiant que si un certain nombre de pistes énoncées par le Président semblent intéressantes – à l’image de la création d’une « agence nationale de cohésions des territoires », de la mise en place d’une instance de recours relative à l’équité territoriale, le renforcement de l’échange d’information entre les maires et les préfets concernant certaines personnes fichées pour radicalisation islamiste –elle s’étonnait toutefois du flou qui semble régner à la fois sur le calendrier de mise en œuvre et sur le montant des crédits mobilisés dans le cadre de cette nouvelle stratégie.
Elle a donc appelé le gouvernement à préciser ses intentions en matière de politique de la ville et à ne pas oublier les maires, précieux acteurs de terrain, dans le nouveau dispositif, afin de soutenir la dynamique enclenchée par les propositions ambitieuses du rapport Borloo.