Tout d’abord, le rapport Orsenna-Corbin avance un chiffre relatif au nombre actuel de lieux de lecture : il existe aujourd’hui en France près de 16.500 lieux dédiés à la lecture, le périmètre de ces « lieux » allant de la médiathèque au bibliobus. Sur l’ensemble des lieux recensés, 7.700 sont des bibliothèques à part entière gérées pour l’immense majorité par des communes et des départements. Concernant l’amplitude horaire d’ouverture des bibliothèques, celle-ci varie naturellement en fonction de la taille de commune : si elle est de 15 heures en moyenne dans les villes qui compte moins de 5.000 habitants, elle monte à 42 heures dans les villes de plus de 100.000 habitants. Un chiffre qu’il convient de pondérer à l’aune des amplitudes horaires en cours dans les grandes villes étrangères : 84 heures en moyenne par semaine à Amsterdam ou encore 72 heures en moyenne à Stuttgart. C’est pourquoi, le rapport présenté par Erik Orsenna préconise un changement de cadence prenant la forme d’une extension des horaires d’ouverture des bibliothèques sur le territoire hexagonal : un mouvement déjà amorcé en 2017 grâce à l’abondement de 8 millions d’euros supplémentaires de la dotation générale de décentralisation (DGD) qui a permis – selon le rapport – de financer environ 200 projets. S’agissant de la question financière, le rapport salue notamment « l’investissement considérable » dont les élus locaux font preuve en matière de lecture : 1,7 milliards d’euros de dépenses sont consacrés chaque année par les collectivités territoriales à la lecture publique.
Aussi, les auteurs préconisent de lancer un véritable « plan national pour les bibliothèques » qui impliquerait que l’Etat propose un cadre, de la visibilité et accompagne financièrement et stratégiquement les collectivités. Dans le sillage de cette préconisation, les auteurs proposent ainsi par exemple :
– l’élaboration de « diagnostics territoriaux sur l’utilisation du temps des usagers » pour davantage coller aux besoins locaux et proposer des politiques publiques adaptées ;
– d’inciter les collectivités à adopter des « plans stratégiques définissant les ambitions en matière de lecture publique » ;
– le renforcement du réseau de lecture publique par de nouveaux partenariats notamment avec La Poste ou Pôle emploi ;
– développer une approche des réseaux de lecture publique notamment dans les zones rurales en encourageant le développement de la compétence des intercommunalités dans ce domaine ;
– lancer une démarche de labellisation aux collectivités qui s’engagent pour la lecture publique ;
– développer, en lien avec les rectorats, les partenariats entre les bibliothèques et les collèges et lycées avec comme objectif d’en doubler le nombre d’ici 2022.
Autre piste avancée : profiter des rénovations et des constructions de nouvelles bibliothèques pour développer la mutualisation avec d’autres services publics (ex. Maison de service au public, pôle emploi etc.)
Pour l’heure, les suites qui seront données aux préconisations de ce rapport ne sont pas précisées : la Ministre de la Culture Françoise Nyssen devrait éclairer sa pensée lors d’une « journée professionnelle organisée par le Ministère de la Culture » le 9 avril prochain. L’APVF rencontrera dès lundi prochain la Ministre de la Culture pour échanger sur les conclusions du rapport.