Pierre JARLIER, Ier Vice-président de l’APVF et Maire de Saint-Flour a tout d’abord brossé un tableau de la situation dans les petites villes où la question de la place des commerces de proximité et celle de la redynamisation des centres villes se pose avec de plus en plus d’acuité. L’APVF prend très au sérieux ce phénomène qui semble épargner les métropoles mais impacte de plus en plus durement de nombreuses villes de notre strate.
Les chiffres sont éloquents et parlent d’eux même : mis à part dans les communes touristiques, le taux de vacance commerciale – c’est-à-dire le nombre de magasins inexploités – avoisine en moyenne les 12% dans les petites villes contre 6,8% dans les métropoles. A Saint-Flour, dans le centre-ville, ce chiffre atteint 30%.
Comment expliquer ce phénomène ?
Premièrement, le déclin industriel et démographique dans beaucoup de sous-préfectures et de bourgs centre, tout comme le départ de nombreux équipements publics (casernes, hôpitaux ou tribunaux) dans certaines villes victimes de la RGPP ont évidemment joué un rôle important.
Deuxièmement, l’essor des centres commerciaux en périphérie. 800 000 m² commerciaux se créent chaque année. En 15 ans, les surfaces commerciales ont quasiment doublé. En 2015, on recensait encore une vingtaine d’ouvertures de centres commerciaux.
Ajouter à la multiplication des centres commerciaux la concurrence du e-commerce qui ne cesse d’augmenter, et vous obtenez une baisse mécanique du chiffre d’affaires au mètre carré des commerces de centre-ville, et donc une hausse de la vacance.
Autre obstacle au développement du commerce en centre-ville : le prix des loyers. Souvent, les loyers ne baissent pas, même avec la persistance d’un taux de vacance élevé. Les propriétaires préfèrent fréquemment laisser un espace vide plutôt que de le louer ou de vendre, en dessous d’un certain seuil.
Enfin, l’étalement urbain et la périurbanisation auxquels on assiste depuis plusieurs années ont bien entendu fragilisé le commerce de centre-ville qui a vu sa clientèle se réduire drastiquement. Moins de clients, moins de commerçants, c’est évident. Le manque de diversité des logements en centre-ville, souvent trop petits et mal adaptés pour les familles, engendre une désertification, et souvent, une paupérisation des centres villes qui souffrent d’une concurrence des périphéries, tant en matière de logement qu’en matière de commerce.
Il faut donc aborder le sujet de manière globale et transversale. L’heure n’est plus aux actions ponctuelles : la mutation ne passera que par des stratégies globales.
Jacques Breillat, Maire de Castillon la Bataille et Fabien Lainé, ancien Maire de Sanguinet ont ensuite détaillé leur plan d’action pour faire vivre leur cœur de ville.
Castillon la Bataille, commune de 3000 habitants, ne bénéficie ni d’aides de la politique de la ville (malgré certains quartiers difficiles) ni des dispositifs de ZRR. « On avait le choix entre se lamenter et regretter ou alors trouver une autre issue », livre l’édile. L’idée est de se lancer dans un projet de revitalisation de son centre-ville. Un processus engagé il y a plusieurs mois dans lequel 174 000 euros cofinancé par la ville (20 %), le Département, la Région, l’Agence nationale de l’habitat et la Caisse des Dépôts doivent être injectés via un contrat de revitalisation de son centre-bourg.
A Sanguinet, la problématique est différente puisqu’il s’agissait de créer une centralité dans une commune marquée par l’étalement de zones pavillonnaires. La mairie disposant de réserves foncières importantes, une friche a été transformée en une place dotée de commerces en pieds d’immeubles. Une attention particulière a été portée à l’architecture en veillant à respecter l’identité régionale.
Pour retrouver l’intégralité des interventions, François Panouillé, Chargé de mission à l’APVF, (fpanouille@apvf.asso.fr), se tient à votre disposition.
De manière générale, sur ce sujet, l’APVF demande à l’Etat d’accompagner d’urgence les petites villes afin de mener à bien ce chantier vital pour leur avenir. Un véritable plan de soutien spécifique doit être adopté :
– un appui ā l’ingénierie territoriale
– une aide spécifique à la réhabilitation des logements anciens et des espaces publics mais aussi à l’acquisition par les petites villes des murs des locaux commerciaux en déshérence,
– l’éligibilité du parc de logements existants aux dispositifs d’appui à l’accession sociale ā la propriété pour favoriser la mixité sociale
– la création de zones franches commerciales dans des périmètres restreints au cœur de petites villes en difficulté,
– l’engagement de l’Etat de ne pas délocaliser en périphérie des petites villes les services publics historiquement implantés en centre-ville,
– l’accès pour les petites villes, à la mise en place de guichets uniques d’appui et de soutien, sur le modèle efficace mis en place par l’ANRU dans le cadre de la politique de la ville à laquelle les petites villes doivent pouvoir accéder au regard des difficultés sociales importante et grandissante dans leurs centres anciens.